«La majorité des urgences vont bien au Québec, avec des durées moyennes de séjour de 17,3 heures, mais c'est à Montréal que ça va mal et il faut y remédier», a déclaré le ministre de la Santé, Yves Bolduc, ce matin, à l'ouverture du premier colloque de l'Association des médecins d'urgence du Québec. Sur le thème, «Les urgences débordent encore...et toujours», quelques centaines de médecins et professionnels de la santé se réunissent aujourd'hui et demain pour se pencher sur les problématiques, les causes, et les solutions.

Pour une rare fois, le ministre Bolduc a laissé son chapeau de politicien pour enfiler son sarrau de médecin de famille. «J'ai fait de la médecine d'urgence durant 26 ans avant de devenir ministre, a-t-il rappelé. J'ai visité presque toutes les urgences de la province. C'est possible d'atteindre la cible d'attente de 12 heures et moins aux urgences», a-t-il dit sur ton décidé.

Plusieurs régions vont bien, a-t-il enchaîné, comme dans le Bas-Saint-Laurent, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, et à Sherbrooke. Mais les choses se compliquent quand on regarde les temps d'attente de certains hôpitaux de Montréal et de la région de Gatineau. Le ministre a fait référence aux hôpitaux Maisonneuve-Rosemont et Sacré-Coeur.

«Dans l'est de Montréal il y a trop de congestions, a-t-il expliqué. Ces deux hôpitaux doivent desservir à eux seuls un bassin de population de 600 000 personnes. Il y a beaucoup de personnes âgées, et les lits sont bloqués. Le problème c'est qu'on n'est pas capable de les sortir des centres de réadaptation, il y a aussi une forte problématique de santé mentale. Ce qu'il faut c'est un nouvel hôpital, et il faut trouver les moyens de retourner les patients âgés à la maison.»

Le ministre Bolduc a aussi répété à plusieurs reprises que le problème n'est pas les gens qui abusent des urgences. C'est un mythe, a-t-il insisté. Selon lui, une personne sur 1000 consomme de façon répétitive les services d'urgences. Et 5% des gens consomment 50% des soins aux urgences. «Ce sont souvent des personnes atteintes d'une maladie mentale, comme la schizophrénie, ou des gens souffrant de maladies chroniques qui n'ont pas été bien pris en charge.»

Selon lui, il est impératif d'éliminer les séjours de 48 heures et plus sur les civières, en visant des épisodes de soins à l'intérieur de 24 heures. «Les urgences n'ont pas besoin de plus d'argents, elles ont besoin de revoir leur organisation. Il faut des places en hébergement, de bons soins à domicile. Il faut aussi des cliniques médicales ouvertes le soir et les week-ends.»

Le colloque se poursuit toute la journée, et demain. Il y sera question, entre autres, de la compétence des professionnels de la santé dans un contexte de pénurie.