Le chirurgien plasticien Marc Bissonnette ne pourra plus jamais pratiquer la médecine. Dans un geste exceptionnel, le conseil de discipline du Collège des médecins a radié à vie ce médecin, reconnu coupable d'agressions sexuelles et d'attouchements sur trois patientes.

Les deux dernières fois remontent aux mois de décembre 2002 et d'avril 2003, alors que le chirurgien procédait à des interventions pour des augmentations mammaires à sa clinique de la rue Sherbrooke Est, à Montréal. Il a administré à ses patientes de fortes doses de médicaments, dont du Demerol, avant de toucher leurs parties génitales. Il est allé jusqu'à introduire ses doigts dans le vagin d'une patiente, rendue vulnérable en raison de la forte dose de sédatifs.C'est la troisième fois depuis 2003 qu'un médecin est radié à vie. Dans son jugement-fleuve d'une cinquantaine de pages, le conseil de discipline note que le chirurgien a «passé à travers le filet de sécurité qu'on lui avait déjà imposé», en 1995, qui le limitait à pratiquer strictement en milieu hospitalier, avec du personnel infirmier.

Lien «brisé»

Le Conseil précise à plusieurs reprises que sa décision se base au premier chef sur la protection du public. Il conclut que le lien de confiance entre le médecin et le public est «brisé» et que la sanction doit être lourde. «De tels comportements sont inadmissibles», peut-on lire.

La radiation à vie du Dr Bissonnette est effective depuis lundi dernier, 23 février. Afin de protéger la vie privée des victimes, il est interdit de publier le nom des patientes. Outre la radiation, l'ex-médecin a été condamné à verser deux amendes de 2000$ (soit le maximum prévu par la loi), dont une bonne partie à l'une des patientes pour compenser le coût des soins thérapeutiques rendus nécessaires par l'agression sexuelle.

Marc Bissonnette a 30 jours pour porter sa cause en appel. D'habitude, les médecins peuvent recouvrer leur droit de pratique lorsqu'ils interjettent appel, sauf dans les cas «d'inconduite sexuelle». Quant aux victimes, elles peuvent intenter des recours civils.