Les données sur les hospitalisations dues à la grippe A (H1N1), rendues publiques aujourd'hui par l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS), suggèrent que les autorités de la santé du pays ont eu raison de s'inquiéter face à la pandémie des derniers mois.

On dénombre 8507 hospitalisations au Canada pour la grippe A (H1N1) en 2009, comparativement à 2624 pour la grippe saisonnière durant l'année de référence 2007-2008. Les admissions aux soins intensifs pour le nouveau virus ont quant à elles été 50% plus nombreuses que pour la grippe saisonnière ou la pneumonie. De plus, la proportion de décès est d'environ 5% chez les cas de A (H1N1), comparativement à 1,6% pour la grippe saisonnière.

«Il y a tout de même eu 400 décès confirmés au Canada, dont la moitié étaient des gens de moins de 50 ans. L'OMS a sonné l'alarme, on avait un plan et on a réagi. Est-ce que c'était une fausse alarme? Non», soutient Jean-Marie Berthelot, vice-président du secteur des programmes à l'ICIS.

Groupes à risque

Contrairement à la grippe saisonnière, la pandémie des derniers mois a affecté particulièrement les jeunes. L'âge moyen des personnes hospitalisées est de 28 ans, contre 71 ans à la suite d'une grippe ou d'une pneumonie. Pour ce qui est des décès, l'âge moyen se situe au début de la cinquantaine dans le cas de la grippe A (H1N1), soit environ une trentaine d'années de moins que les personnes décédées à la suite d'une grippe ou d'une pneumonie.

Les femmes enceintes étaient aussi plus vulnérables au nouveau virus. Plus de 20% des femmes en âge de procréer et qui ont été hospitalisées pour la grippe A (H1N1) étaient enceintes, contre 13% des femmes du même groupe d'âge hospitalisées en 2007-2008 pour une grippe ou une pneumonie. Quatre femmes enceintes sont décédées du nouveau virus pendant la même période, tandis qu'aucun décès de femme enceinte n'a été enregistré en 2007-2008 pour la grippe.

«Il faudra réaliser plus d'études pour comprendre pourquoi le pourcentage d'hospitalisations est plus élevé chez les femmes enceintes atteintes de la grippe A (H1N1)», explique dans un communiqué Kathleen Morris, chef des questions émergentes de l'ICIS.

Selon l'ICIS, il reste à savoir si les cas de grippe A (H1N1) ont remplacé les cas de grippe saisonnière en 2009. De plus, les détails de la gestion de la crise par les autorités sanitaires restent à connaître.

L'étude de l'ICIS compare le nombre d'hospitalisations pour la grippe A (H1N1) entre le 12 avril 2009 et le 2 janvier 2010, au nombre d'hospitalisations pour la grippe saisonnière et la pneumonie entre le 1er avril 2007 et le 31 mars 2008. La pneumonie est la complication la plus courante de la grippe.