Le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), Gaétan Barrette, est au coeur d'une querelle judiciaire qui oppose sa conjointe, Marie-Josée Berthiaume, à un groupe de médecins radiologistes de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. Ces derniers reprochent au Dr Barrette d'avoir profité de sa «position de force» pour les «dénigrer», les «intimider» et les «harceler».

Dans un document déposé à la cour le 1er février, le groupe de 12 radiologues réclame 170 000$ à la conjointe du Dr Barrette, Marie-Josée Berthiaume, qui travaille elle aussi au service de radiologie de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont. La Dre Berthiaume avait auparavant déposé une poursuite de 230 000$ contre ces mêmes médecins, leur reprochant d'avoir porté atteinte à sa réputation.

 

Quant à Gaétan Barrette, il ne fait l'objet d'aucune poursuite. Le groupe de radiologistes lui attribue cependant un rôle important dans ce conflit entre collègues qui prend aujourd'hui des dimensions hors du commun.

Tensions et insultes

Les premières tensions seraient survenues peu après l'embauche de la Dre Marie-Josée Berthiaume au service de radiologie de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, à l'automne2004. Gaétan Barrette, qui était alors chef du service de radiologie, aurait «fortement appuyé» sa candidature, selon le groupe de radiologistes.

Peu après son arrivée, la Dre Berthiaume est devenue associée de la SORAD, un regroupement de médecins qui gère l'organisation du travail des radiologistes de l'établissement. C'est là que les choses auraient commencé à mal aller.

Selon la partie adverse, Marie-Josée Berthiaume aurait émis des commentaires négatifs sur la qualité du travail de ses associés, qui se sont sentis «dénigrés», «intimidés» et «harcelés». Le groupe formule les mêmes reproches à Gaétan Barrette, qui était alors président de la SORAD. Selon eux, le Dr Barrette aurait profité de sa «position de force» «au sein de la Société, dans le département de radiologie et à la FMSQ».

À l'automne 2007, alors qu'il était déjà la tête de la FMSQ, le Dr Barrette aurait dit lors d'une conversation téléphonique qu'il allait «tout faire» pour ternir la réputation d'une collègue radiologiste impliquée dans le litige, toujours selon le groupe de médecins.

Les insultes fusaient des deux côtés, si l'on se fie aux documents déposés par les deux parties. Un radiologue, Stéphane Carignan, aurait déjà traité la Dre Berthiaume de «grande tabarnak» dans le corridor de l'hôpital. «Toi pis ton chum, vous faites chier tout le monde!» aurait-il dit devant des patients et des résidents.

Le 19 mars 2008, la majorité des associés de la SORAD aurait demandé à Gaétan Barrette de quitter son poste de chef du service et de président de la SORAD. Le Dr Barrette, dont l'horaire était déjà surchargé, a été remplacé peu de temps après.

Lors de cette réunion houleuse, Gaétan Barrette aurait demandé que sa conjointe soit payée pour des heures supplémentaires qu'elle aurait faites pendant ses vacances. La résolution n'a pas été adoptée.

«L'assemblée du 19 mars a été le point de départ d'une détérioration irréversible des relations», peut-on lire dans le document produit par les 12 médecins.

Au mois de septembre, au terme d'une rencontre organisée à l'insu de Marie-Josée Berthiaume, les associés de la SORAD ont annoncé à cette dernière qu'ils allaient l'exclure de leur groupe.

C'est à ce moment que la Dre Berthiaume a décidé de s'adresser aux tribunaux. Le mois suivant, son avocat, Jacques Jeansonne, a intenté une poursuite de 230 000$ contre les associés de la SORAD pour avoir atteint à la réputation de sa cliente en l'excluant du groupe. La partie adverse a répliqué le 1er février, en demandant au tribunal de rejeter la requête de la Dre Berthiaume et de la condamner à leur payer 170 000$ pour les frais d'avocats.

«Seulement des allégations»

Joint par La Presse, Gaétan Barrette a précisé que le document des médecins constitue seulement des allégations. «J'aurai le grand plaisir de les démentir et d'agir en conséquence si nécessaire», a-t-il dit.

Les avocats des deux parties et la direction de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont n'ont pas souhaité commenter le litige en cours.