Les études sur les portables semblent simples: en apparence, il suffit de mesurer le taux de cancer ou autres maladies dans une population donnée et de comparer ces données avec les factures de téléphone portable. Mais une foule de problèmes compliquent les choses.

Tout d'abord, accéder aux factures individuelles est compliqué, ce qui limite la taille de l'échantillon. Or, pour mesurer des phénomènes à long terme (un cancer met longtemps à apparaître) à l'impact parfois limité (une augmentation de 25% du risque d'une maladie est à la limite du détectable), il faut avoir des dizaines de milliers de cobayes.

 

Dans un récent essai dont les résultats ont été publiés dans l'hebdomadaire britannique The New Scientist, un ancien coordonnateur des recherches sur les ondes électromagnétiques de l'Organisation mondiale de la santé, Michael Repacholi, maintenant professeur de génie électronique à l'Université La Sapienza de Rome, a énuméré certains écueils des études sur les impacts des portables sur la santé. Comment se fier à la mémoire des participants quant aux modèles de portable qu'ils utilisaient il y a cinq ou dix ans, ou quant à leur utilisation quotidienne? Comment tenir compte de l'amélioration des technologies, qui a considérablement réduit la quantité d'énergie émise par les portables? L'échantillon comporte-t-il une surreprésentation des utilisateurs de portable, parce que les gens qui n'en ont pas ne voyaient pas l'intérêt de participer à ce type d'études (dans ce cas, le risque pourrait être sous-estimé)?

«Des études ont montré que les gens qui ont une tumeur au cerveau ont tendance à surévaluer leur utilisation du portable, explique M. Repacholi. De plus, chaque personne utilise son portable à un angle et à une distance de l'oreille différents, ce qui fait beaucoup varier l'exposition aux ondes. Interphone est vraiment la première des nombreuses grandes études qu'il faudra pour éliminer toute incertitude quant aux risques des portables.»