Contrairement aux fédérations de médecins spécialistes et d'omnipraticiens, le Collège des médecins ne prend pas clairement position en faveur de l'euthanasie.

Mais il ne prend pas non plus position contre.

Dans un document rendu public mardi, il affirme que la question ne se pose pas en termes de «pour ou contre l'euthanasie», mais en termes de dispensation des «soins appropriés en fin de vie».

«Ces questions, on ne peut pas les trancher facilement et rapidement, et certainement pas en essayant de répondre simplement à la question: êtes-vous pour ou contre l'euthanasie?», a dit en conférence de presse le docteur Yves Robert, secrétaire du Collège des médecins.

«Pour nous, c'est une mauvaise façon de poser le problème; c'est la mauvaise question et ça risque de nous amener inévitablement à des mauvaises réponses», a-t-il ajouté.

Le Collège estime qu'il serait quand même opportun d'«ajuster» le cadre législatif, mais pour mieux encadrer ces soins en fin de vie et encadrer le processus décisionnel.

«Ce n'est pas la fin du débat. C'est le début d'un débat, mais qu'on souhaiterait être davantage serein, non militant, non confrontant», a commenté le docteur Robert.

Le Collège propose en fait de poursuivre plus loin la réflexion, avec l'Ordre des infirmières, le Barreau, le Conseil pour la protection des malades et d'autres parties intéressées.

Il affirme aussi que les projets de loi déposés jusqu'ici, de même que le statu quo, ne tiennent pas compte de la diversité des cas qui se présentent en médecine. Le spectre peut aller, en effet, de l'acharnement thérapeutique au suicide assisté, en passant par l'allègement des souffrances chez un malade dont la fin est imminente et inévitable.

«Le rôle de la médecine, ce n'est pas de tuer du monde», a lancé le docteur Yves Lamontagne, président-directeur général du Collège des médecins.

«Et le médecin, quel qu'il soit, où qu'il soit, son rôle, c'est bien clair, et il le sait et il le fait, c'est d'essayer de traiter le malade le mieux possible», a-t-il ajouté.

Pourtant, le mois dernier, deux sondages menés par la Fédération des médecins spécialistes et par la Fédération des médecins omnipraticiens ont laissé voir que les trois quarts des médecins qui avaient rempli le questionnaire à ce sujet s'étaient dits en faveur de l'euthanasie, à condition que celle-ci soit balisée par des règlements.

Interrogé au sujet de cette contradiction, le docteur Lamontagne a laissé entendre que les médecins qui avaient répondu aux questionnaires des deux fédérations n'avaient probablement pas compris le sens du mot euthanasie.

«Quand on parle d'euthanasie, tout le monde voit ça large comme ça», a avancé le docteur Lamontagne, en ouvrant grands les bras. «J'ai l'impression que dans le sondage des deux fédérations, c'est un peu comme ça» que le terme euthanasie a été compris.

Réactions

Le Barreau du Québec s'est dit ouvert à participer à la vaste réflexion proposée par le Collège des médecins sur le «cadre législatif et réglementaire entourant les soins en fin de vie pour les personnes faisant face à une mort imminente et inévitable».

L'Association des retraités de l'État (AREQ), affiliée à la CSQ, a récemment demandé de tenir un débat approfondi sur cette question, afin de mieux distinguer les nuances entre le suicide assisté, l'euthanasie et les soins palliatifs.

«Il est important que tout le monde s'entende sur les mêmes concepts et les mêmes pratiques. Ce devoir d'information appartient en premier lieu au gouvernement», a affirmé la présidente de l'AREQ, Mariette Gélinas.