Moins de visites dans les urgences, baisse des appels chez Info-santé: la grippe A (H1N1) est en perte de vitesse au Québec, malgré les cas qui continuent de s'accumuler.

«Depuis deux semaines, il y a eu diminution d'intensité», confirme le Dr Alain Poirier, directeur national de la santé publique.

Vingt-cinq nouveaux cas ont été confirmés depuis vendredi au Québec, pour un total de 2247, incluant les 14 décès attribuables à la grippe. Selon le Dr Poirier, il faut toutefois observer les signaux externes pour mesurer adéquatement l'indice grippal, dont l'achalandage dans les urgences. Et ces signaux montrent une baisse d'intensité. La proportion des cas de grippe A (H1N1) confirmés chez les patients qui consultent pour un cas potentiel est aussi en diminution.

Liste prioritaire

Lundi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé que les travailleurs de la santé devraient obtenir un accès prioritaire aux vaccins, dès qu'ils seront disponibles. L'OMS conseille également de traiter en priorité les femmes enceintes, les personnes atteintes de maladies chroniques, mais aussi les enfants d'âge scolaire, plus susceptibles de transmettre la maladie.

Au Canada, les autorités fédérales ont également établi une liste de priorités pour les traitements. Dans l'éventualité où les cas de grippe se multiplieraient tragiquement à l'automne, une liste préétablie permettrait aux médecins de savoir à qui offrir les soins d'urgence, a expliqué une responsable de l'Agence de santé publique en entrevue au quotidien torontois The Globe and Mail. Theresa Tam, directrice générale du Centre de mesures et d'interventions d'urgence de l'agence fédérale, précise aussi que des unités complètes pourraient être consacrées à la grippe, dans certains hôpitaux, si la situation le commandait.

À Québec, où il inaugurait une unité d'opération lundi, le ministre de la Santé Yves Bolduc a indiqué qu'il comptait bien suivre ces recommandations de la santé publique.

«Chaque établissement a préparé son plan d'action», confirme le Dr Poirier. Si les cas se multipliaient dans un hôpital, l'établissement pourrait dédier des salles entières au traitement du virus, ce qui serait nettement plus efficace si ce n'est que pour une question de gestion de personnel, précise le Dr Poirier. Tous les hôpitaux sont aussi en lien avec le plan régional qui les concerne, poursuit-il. Si la situation empirait, de nouveaux sites, comme des cliniques externes, pourraient être dédiés au traitement du virus.

Banale, la grippe?

Pour l'instant, la grande majorité des cas grippaux A (H1N1) sont bénins, mais il ne faut pas sous-estimer la puissance du virus, estime le Dr Yoshihiro Kawaoka, de l'Université du Wisconsin. Comme il peut traverser la partie supérieure de l'appareil pulmonaire, le virus est plus susceptible de causer des pneumonies chez ceux qui sont affectés, conclut ce spécialiste, qui dévoilait lundi les résultats d'une étude internationale publiée dans la revue Nature.

Le Dr Kawaoka y fait une mise en garde contre la banalisation de la maladie. La grippe A (H1N1) ressemble à la grippe saisonnière, mais frappe plus durement. Le virus a la capacité de se reproduire dans les poumons, conclut son groupe de recherche qui a mené des tests en laboratoire. Cette capacité est caractéristique des virus pandémiques, comme celui de la grippe espagnole.