Même si le ministre de la Santé, Yves Bolduc, reconnaît que des erreurs ont été commises dans les laboratoires de pathologie du Québec et que des tests de cancer du sein devront être repris, il ne fait rien pour améliorer la qualité des laboratoires de la province qui sont dans un état déplorable, a dénoncé le président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, le Dr Gaétan Barrette.

«La pathologie au Québec est antique, a dit le Dr Barrette. Elle fonctionne comme si on était au XIXe siècle. Certains laboratoires ne sont même pas encore informatisés. Dans ces conditions, les pathologistes font des miracles. La crise actuelle n'est que la pointe de l'iceberg.»

 

Le Dr Barrette est heureux que le ministre Bolduc «confirme ce qu'il disait depuis le début», c'est-à-dire que la plupart des 45 laboratoires de pathologie du Québec n'ont pas de système de contrôle de qualité externe. Le mois dernier, le Dr Barrette et le président de l'Association des pathologistes du Québec, le Dr Louis A. Gaboury, avaient diffusé un rapport disant que de 15% à 20% des tests de pathologie pourraient être erronés au Québec.

Le ministre Bolduc avait tout d'abord hésité avant de confirmer l'état de la situation. «Le fait que le ministre revienne sur sa parole initiale montre un certain degré d'amateurisme», a accusé le Dr Barrette.

Mais même si le ministre avoue maintenant le problème, il ne fait aucune déclaration quant à l'avenir de la pathologie au Québec, a dénoncé le Dr Barrette. Pourtant, la crise actuelle montre que la situation est critique, a-t-il ajouté.

«Actuellement, on est en état d'alerte dans les labos. Mais quand la tension va retomber, il faudra que des programmes de contrôle de la qualité soient mis en place et que la pathologie soit remise à niveau, a commenté le Dr Barrette. Certains labos utilisent encore des dactylos! Il faut des améliorations et plus d'employés.»

Le Dr Barrette a ajouté que la crise qui touche le cancer du sein pourrait s'étendre à d'autres pathologies et qu'il est pressant que le gouvernement agisse pour améliorer l'état des laboratoires.

Pour le président du Conseil pour la protection des malades, Paul Brunet, la réponse aux inquiétudes du Dr Barrette se trouve en partie du côté du Collège des médecins. «Le Collège a récemment donné un mandat au Dr Gaboury. Il doit faire des recommandations pour améliorer l'état de la pathologie au Québec. Le rapport n'est pas encore publié, mais il pourrait amener des modifications», a-t-il dit.