Les hôpitaux du Québec ne manquent pas de respirateurs artificiels pour traiter les victimes graves de la grippe, qu'elle soit de type A (H1N1) ou autre, a assuré hier le ministre de la Santé du Québec, Yves Bolduc.

«Actuellement, le parc de respirateurs est à la hauteur, indique la porte-parole du ministère de la Santé, Dominique Breton. Mais c'est sûr que si la demande devient plus importante, on verra s'il y a lieu d'établir la priorité des cas ou de les regrouper à un endroit où à un autre.» Le plan du Ministère pour faire face à la pandémie de grippe A (H1N1) prévoit que chaque lit de chaque unité de soins ait son respirateur artificiel.

 

Mais est-ce que ce sera suffisant pour traiter les personnes les plus affaiblies par des problèmes respiratoires? Dans un article publié dans le Globe and Mail hier, l'Agence de la santé du Canada a confirmé qu'elle entendait augmenter son parc de respirateurs artificiels - qu'elle prête aux provinces au besoin - de 130 à 500. L'achat des appareils supplémentaires devrait coûter près de 4 millions de dollars.

Les grippés qui ont besoin d'un respirateur artificiel sont tout de même marginaux, dit le Dr Terry-Nan Tannenbaum, de la Direction de la santé publique (DSP) de Montréal. «En général, on les utilise pour aider des gens qui ont beaucoup de difficulté à respirer et qui n'ont pas assez d'oxygène.»

L'article du Globe and Mail précisait que l'état de santé de certaines victimes exigeait qu'elles soient branchées sur des respirateurs à oscillation, un modèle coûteux et peu courant qui insuffle une petite quantité d'air dans les poumons à un rythme plus rapide. «Mais ce n'est pas le premier choix de respirateur», dit la coordonnatrice en inhalothérapie de l'Hôtel-Dieu, Valérie Lemieux.

Les modèles de respirateurs artificiels ont beaucoup évolué ces dernières années, selon Mme Lemieux. «Avant, quand un patient ne respirait pas bien, on passait peut-être plus rapidement à l'oscillation. Mais aujourd'hui, avec les nouveaux respirateurs, on a accès à une panoplie de possibilités pour s'ajuster au patient.»

Vers un ralentissement

Le ministère de la Santé a confirmé hier 31 nouveaux cas de grippe A (H1N1) depuis vendredi dernier, ce qui porte à 2181 le nombre de cas enregistrés au Québec depuis la fin du mois d'avril. Plusieurs sont aujourd'hui guéris.

«Le virus est présent dans la population, dit le Dr Tannenbaum. Mais à Montréal comme ailleurs, ça commence à diminuer si on regarde le nombre de tests positifs, le nombre de visites aux urgences et les appels à Info-Santé. Mais on ne sait pas ce qui va arriver à l'automne.»

De fait, le taux d'occupation des urgences était de 127% la semaine dernière et de 124% il y a deux semaines. Hier, il était de 113%. Le début des vacances y est certainement pour quelque chose, mais la baisse d'activité du virus de la grippe aussi, croit la DSP.

Assez de labos

Par ailleurs, le ministre Yves Bolduc a estimé hier que les laboratoires québécois seront en mesure de faire tous les dépistages de la grippe A (H1N1) grâce à une informatisation qui doublera d'ici l'automne leur capacité d'analyse. Le ministre a bon espoir qu'ils pourront traiter tous les échantillons qui leur seront transmis, advenant une nouvelle recrudescence de cas de la grippe A l'automne prochain.

Le bureau du ministre a aussi indiqué que deux autres laboratoires pourraient être mandatés pour répondre à la demande de tests nécessaires pour dépister le virus chez les patients qui en éprouvent les symptômes.

Après l'éclosion de la nouvelle souche grippale, l'hiver dernier, les laboratoires ont été inondés d'échantillons à tester et il a fallu augmenter la capacité, notamment en procédant à des analyses sept jours sur sept à certains endroits.

Depuis la fin des classes, la situation s'est stabilisée, mais l'accalmie pourrait n'être que passagère, une deuxième vague de grippe l'automne prochain n'étant pas exclue par les autorités sanitaires.

Avec La Presse Canadienne