Le gouvernement du Québec verse 250$ par jour pour chaque personne âgée hébergée dans un Centre d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD). Quelques résidences privées ne reçoivent quant à elles que 82$ par jour du gouvernement.

«Mais ce n'est vraiment pas la majorité des résidences privées qui reçoivent ces subventions. La majorité n'en ont tout simplement pas», dit la présidente de l'Association des résidences et CHSLD privés du Québec, Mariette Lanthier.

 

Les résidences privées ne tirent donc leurs profits que des frais facturés à leurs clients.

Avec leur clientèle qui ne cesse de s'alourdir, les résidences privées demandent souvent plus d'argent à leurs pensionnaires pour être en mesure de leur offrir des soins. D'autres réduisent leurs services. «Si on demande au privé d'offrir plus de soins, qui va payer au bout du compte? Les résidants», dit Michèle Charpentier, professeure à l'École de travail social de l'UQAM.

Diane est secrétaire depuis 10 ans dans une résidence privée de Saint-Bruno, qui demande 2000$ par mois à ses clients. Elle dénonce qu'en plus de ces frais «exorbitants», la résidence exige 100$ de chaque résidant pour ouvrir un dossier médical.

Diane raconte que l'automne dernier, une dame est tombée sur le trottoir en face de l'établissement. «Elle saignait. Une employée lui a fait un pansement, raconte-t-elle. Mais parce que la résidante ne s'était pas blessée dans la résidence, on lui a facturé 28$ pour le pansement. C'est indécent!»

Aucune règle n'encadre la facturation dans les résidences privées pour aînés. La présidente de l'Association des résidences et CHSLD privés du Québec, Mariette Lanthier, croit que les établissements privés ne peuvent pas abuser. «S'ils le font, ils vont perdre leur clientèle», dit-elle.

Diane n'est pas de cet avis. «Les gens sont abandonnés ici par leur famille. Ils sont vulnérables. Ils préfèrent payer pour éviter les problèmes», indique-t-elle.

Propriétaire d'une petite résidence privée de Montréal, Line Vincelli est de cet avis. Elle joute que le principal danger avec les résidences privées, «c'est la taille de l'établissement».

«Beaucoup de propriétaires de résidence privées sont en fait des promoteurs immobiliers. Leur objectif, c'est de faire de l'argent. La qualité des soins offerts et le confort des usagers, ce n'est malheureusement pas leur priorité», déplore-t-elle.

À la résidence du Parc, chaque dépense est étroitement surveillée. «Il ne doit pas y avoir de gaspillage», explique la directrice de la résidence du Parc, Marilène Béland.

Lors du passage de La Presse, certains résidants déploraient que des produits alimentaires, comme le fromage au déjeuner, disparaissent «parce que ça coûte trop cher aux propriétaires».

Mme Béland assure que ce n'est pas le cas. «Il faut faire attention. Les résidants croient souvent que des services disparaissent pour des raisons financières. Mais il s'agit souvent juste de changements», dit-elle.