Pour éviter les ruptures de service dans les hôpitaux cet été, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, songe à rétablir les primes pour le personnel de la santé.

En mars dernier, il avait pourtant annoncé qu'il mettait fin aux primes d'été. Ces primes étaient versées depuis six ans aux infirmières, aux inhalothérapeutes et aux préposés aux bénéficiaires pour les encourager à offrir des disponibilités supplémentaires pendant les vacances estivales. Deux mois plus tard, le gouvernement étudie maintenant des moyens pour retenir le personnel dans le réseau cet été, a reconnu le ministre de la Santé, Yves Bolduc, en n'excluant pas un retour d'une certaine forme de primes.

«Nous sommes en train de regarder quelles pourraient être des mesures différentes, peut-être encore des primes, mais données de façon différente, pour nous éviter des ruptures de service au cours de l'été», a-t-il répondu à une question de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale.

Pour l'année 2007-2008, les primes estivales avaient coûté 10 millions. Cette formule ne donnait toutefois pas le rendement souhaité, estime le ministre.

M. Bolduc rencontre ces jours-ci les syndicats et les dirigeants de certains établissements pour discuter des mesures à prendre.

Il faut ramener des incitatifs, selon la présidente de la Fédération interprofessionnelle du Québec (FIQ), Lina Bonamie, qui rencontre le ministre ce matin. Les primes d'été «ne donnaient pas plus de personnel en place, sauf que plusieurs infirmières, voyant le surplus d'argent qui pouvait être là, donnaient une disponibilité de plus.»

Cela évitait aux hôpitaux de recourir de façon systématique aux heures supplémentaires obligatoires.

La Fédération de la santé du Québec, affiliée à la CSQ, a par ailleurs rencontré le ministre la semaine dernière. «On lui a souligné les difficultés qu'il y aurait cet été s'il ne mettait pas de primes en place. Il y a aussi un risque que les employeurs en offrent de leur côté, de façon aléatoire, et qu'il y ait ainsi de l'anarchie dans le réseau», a expliqué la présidente, Monique Bélanger.

Une réorganisation du travail est par ailleurs en cours dans le réseau. Confrontés à la pénurie de personnel, les établissements doivent faire appel au personnel des agences privées et aux heures supplémentaires obligatoires pour combler les quarts de travail.

Des projets pilotes sont en cours, mais comme les effets ne se font pas encore sentir, des difficultés sont à prévoir pour l'été. C'est la raison pour laquelle le ministre est en train de revoir sa décision concernant les primes.

D'ailleurs, des ruptures de service menacent déjà certains hôpitaux, notamment l'hôpital Saint-François-d'Assise, à Québec. Dans ce cas, c'est le départ de huit médecins qui pose un problème.

«Ces huit départs subits ont mis l'équipe en place dans une situation précaire. Ils travaillent très fort, mais ce serait inacceptable qu'il y ait une rupture de service. On regarde si on ne pourrait pas faire appel de façon exceptionnelle - puisque la situation l'est - à des médecins dépanneurs», a indiqué Marie-Ève Bédard, l'attachée de presse du ministre.

Deux autres hôpitaux, de plus petite taille, ont pour leur part choisi de fermer leurs urgences la nuit. Il s'agit de l'hôpital Chauveau, à Québec, et de l'hôpital Cloutier-du Rivage, dans la région de Trois-Rivières.