Le nombre de cas de grippe porcine au Canada a grimpé à 34 jeudi, avec la confirmation de 15 nouveaux cas, dont un premier au Québec, de la maladie rebaptisée «grippe A/H1N1» par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Tous les cas répertoriés sont bénins et les personnes affectées ont reçu l'ordre de rester à la maison pour une semaine afin d'éviter de répandre le virus. Le docteur Alain Poirier, directeur national de la Santé publique du Québec, a ainsi précisé en conférence de presse que la victime québécoise avait «une atteinte légère» et qu'elle était «retournée à domicile pour protéger sa famille». Il s'agit d'un homme de la région de Montréal.

La Colombie-Britannique est la plus touchée parmi les provinces canadiennes avec 11 cas confirmés. L'Ontario et la Nouvelle-Ecosse abritent chacun huit malades et l'Alberta, six.

Interrogé alors qu'il participait à une conférence de presse sur un tout autre sujet, le premier ministre Stephen Harper a tenté de rassurer les Canadiens en affirmant que les gouvernements à travers le monde travaillaient à l'unisson pour contrer cette pandémie.

M. Harper a affirmé que tout était fait pour venir à bout de la situation, mais il a néanmoins suggéré à la population de respecter les conseils des autorités sanitaires, c'est-à-dire de se laver les mains régulièrement et de couvrir leur bouche et leur nez quand ils éternuent.

«Nous sommes tous très préoccupés par la situation, a-t-il déclaré. Mais la population doit savoir que les gouvernements du monde entier réagissent à la situation de manière appropriée et coordonnée.»

Lors de leur conférence de presse quotidienne à Ottawa, les responsables fédéraux de la santé publique ont répété que l'apparition de nouveaux cas d'infection était prévue et qu'il n'y avait pas lieu de paniquer. Ils recommandent à tous ceux qui sont en forme de vaquer à leurs activités comme d'habitude.

«Ca ne change pas nos plans», a déclaré la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq. Son ministère a néanmoins décidé d'entreprendre dès vendredi une grande campagne de sensibilisation pour s'assurer que tous les Canadiens sont bien informés des risques et des moyens de se protéger.

L'administrateur en chef de la Santé publique du Canada, David Butler-Jones, a affirmé que le Canada figurait parmi les pays les mieux préparés à faire face à une pandémie, entre autres parce qu'il dispose de quantité nécessaire de traitements antiviraux. Le gouvernement a commencé à travailler avec la compagnie pharmaceutique GlaxoSmithKline pour mettre au point un vaccin contre la grippe A.

Ce dernier pourrait s'avérer particulièrement important l'automne prochain. Le virus de la grippe est généralement saisonnier puisqu'il résiste mal à la chaleur.

Jeudi après-midi, l'OMS avait recensé 262 cas dans le monde, auxquels il faut ajouter les nouvelles infections canadiennes.

Le docteur Keiji Fukuda, responsable de la lutte contre la grippe au sein de l'OMS, a déclaré que le nombre de cas confirmés au Mexique était passé de 26 à 99, dont sept morts. Mais la maladie pourrait avoir fait jusqu'à 168 morts dans le pays, où 2955 cas suspects ont été recensés.

Au total, 131 cas de nouvelle grippe mexicaine ont en outre été confirmés aux Etats-Unis, dont un mortel, 13 en Espagne, huit en Grande-Bretagne, trois en Allemagne et en Nouvelle-Zélande, deux en Israël, et un en Autriche, en Suisse et aux Pays-Bas. En France, il existe actuellement cinq «cas probables».

Malgré cette progression rapide de la maladie, les ministres européens de la Santé ont refusé de suspendre tous les vols vers le Mexique, où le gouvernement a annoncé le gel des services publics non essentiels jusqu'à mardi.

L'Equateur, Cuba et l'Argentine ont déjà suspendu les vols en direction et en provenance du Mexique, alors que le Pérou a seulement interdit les voyages retour.

Au Mexique, principal foyer de l'épidémie, le président Felipe Calderon a demandé aux habitants de rester chez eux, a appelé les commerces et les entreprises à fermer leurs portes pendant cinq jours, et a suspendu les services publics jusqu'à mardi.

L'OMS a relevé mercredi soir son niveau d'alerte à 5 sur 6. Le docteur Fukuda a toutefois expliqué jeudi que l'organisation ne disposait pas encore d'éléments suffisants pour passer au sixième et dernier échelon, qui signifie l'existence établie d'une pandémie.

«Nous pensons que nous sommes dans un processus qui va nous y conduire, mais nous devons encore (en) avoir les preuves», a-t-il déclaré, expliquant que, par définition, une pandémie signifie «une transmission établie de ce nouveau virus dans de multiples pays et de multiples régions du monde».

D'après le directeur scientifique du laboratoire national de microbiologie, le docteur Frank Plummer, les Canadiens ne sont pas plus à risque depuis que le niveau d'alerte a été haussé.

«L'idée que la plupart des gens se font d'une pandémie est tirée de romans ou de films qui ne reflètent pas la réalité», a-t-il fait valoir.