Malgré l'assurance médicaments, malgré un réseau de santé universel et une vingtaine de médicaments disponibles, 121 personnes sont mortes du sida au Québec en 2005. D'une maladie que l'on croit, à tort, maîtrisée.

La statistique n'étonne pas Ken Monteith, directeur général de la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida. « Beaucoup de personnes ont retrouvé la santé, mais il n'y a pas de guérison. Les gens meurent toujours. C'est trop facile pour les gens de croire que ce n'est plus un problème. » Première explication : il n'existe plus aucun traitement pour certains patients qui ont tenté diverses combinaisons. « C'est un virus qui s'adapte. Il est assez commun que le virus trouve des façons de contrer les médicaments. On se retrouve alors avec un nombre plus limité de molécules pour le traitement et, à la fin, rien. On en arrive à ne plus avoir d'option. Et ça arrive. »

Parfois, le patient sidéen choisit consciemment de ne plus prendre ses médicaments. « Il y a des effets secondaires assez importants et pour une question de qualité de vie, la personne peut décider de ne pas prendre son traitement. C'est un choix de qualité au lieu de quantité de vie. » Enfin, phénomène inquiétant, il arrive fréquemment que ceux qui se présentent pour la première fois à un test de dépistage du VIH en soient à un stade avancé. Pourquoi retarder ainsi ce test ? « À cause des enjeux sociaux qui entourent cette question, répond M. Monteith. Si on connaît son statut, on peut être poursuivi si on ne dévoile pas ça à son partenaire. On ne peut pas se procurer certaines assurances. On peut perdre son emploi. »

Cela dit, il y a environ 16 000 personnes qui vivent avec le VIH au Québec et le taux de mortalité a chuté de façon spectaculaire, rappelle le directeur général de la coalition. Depuis 1995, alors que le sida avait tué 586 personnes, le taux de mortalité est passé de 8 à 0,7 décès par 100 000 habitants.