Québec s'inquiète des critiques soulevées dans les médias américains sur la qualité des soins de santé offerts dans la province depuis la mort de l'actrice Natasha Richardson après un accident à la station de ski Mont-Tremblant. Le ministre des Relations internationales, Pierre Arcand, a demandé au célèbre réseau de télévision CNN de corriger un reportage diffusé jeudi sur le sujet.

Un mois après la mort de l'actrice et la publication de plusieurs articles aux États-Unis sur l'état du système de santé du Québec, c'est une enquête présentée par CNN qui a fait déborder la coupe du ministre Arcand. Le populaire Dr Sanjay Gupta, pressenti pour être secrétaire d'État à la Santé dans l'administration Obama, a relancé l'hypothèse que l'actrice aurait pu être sauvée si un hélicoptère médical avait assuré son transport entre Mont-Tremblant et le centre de traumatologie de l'hôpital Sacré-Coeur, à Montréal. «La remise en cause du système (de santé publique du Québec) était assez évidente et il y avait des erreurs. Le reportage a été diffusé à une heure de grande écoute, alors j'ai senti le besoin d'intervenir», a expliqué le ministre hier.

 

Pierre Arcand a envoyé dès le lendemain matin une lettre au réseau CNN. «Suggérer que le système de santé québécois pourrait être responsable de la mort (de Natasha Richardson) est incorrect, a écrit le ministre. Le système de santé est reconnu mondialement comme l'un des meilleurs.»

Puis le ministre a précisé que «le centre de traumatologie le plus près de Mont-Tremblant n'est pas à 2h30 de route, mais à 1h45, comme vous l'avez indiqué dans votre reportage.» En entrevue à La Presse, le ministre a aussi souligné le fait que les journalistes de CNN avaient affirmé dans leur reportage qu'aucun porte-parole du gouvernement n'avait voulu commenter l'affaire. «Nous n'avons pas reçu, à ce que je sache, de demande.»

Le réseau CNN a corrigé le tir vendredi soir. «Ils ont présenté les choses de façon beaucoup plus nuancée, et c'était le but recherché», a dit le ministre.

Le réseau CNN n'était pas le premier à soulever des questions sur la qualité des soins de santé offerts au Canada depuis la mort de Mme Richardson. Il y a deux semaines, un médecin de Chicago a affirmé dans un éditorial repris par plusieurs quotidiens américains que les chances de survie de l'actrice auraient été bien meilleures si elle avait été dans un centre de ski américain, plutôt que canadien. Le ministre a indiqué qu'il n'a pas répliqué à ce moment pour respecter le principe de libre expression. Il a toutefois annoncé qu'il sera plus attentif à l'avenir. Il a demandé au personnel de la délégation du Québec à New York de garder un oeil sur tout ce qui est rapporté sur le sujet. «Je ne crois pas que l'image du Québec a souffert de façon catastrophique, mais chaque fois qu'on remet en cause notre système de santé, c'est évident que des perceptions négatives peuvent se former, et c'est mon rôle de m'assurer que l'image du Québec soit connue pour les bonnes raisons.»