Les millions ne pleuvent pas sur le CHUM. Publiquement, les grands philanthropes et le milieu des affaires ne démontrent pas d'empressement à donner le coup de pouce financier nécessaire à la construction du nouvel hôpital.

La fondation du CHUM doit récolter 200 millions en 10 ans pour le projet du CHUM au centre-ville. Cet argent servira principalement à l'achat d'équipement de pointe pour l'hôpital.

 

La Presse a joint quelques grandes entreprises pour savoir si on les avait contactées. Visiblement, la question suscite un malaise. Aucune des entreprises n'a voulu dire publiquement si elle comptait s'engager. Même chose pour les familles québécoises qui pourraient agir à titre de grands donateurs.

«Là où ça devrait aller beaucoup mieux, c'est dans le monde de nos familles canadiennes-françaises et québécoises ainsi qu'auprès des fondations», reconnaît d'ailleurs le président de la fondation du CHUM, Ekram Rabbat, en parlant de la campagne de financement.

La clé est de faire vibrer la corde sensible des gens, explique le vice-président principal de KCI philanthropie de pointe, Gil Desautels. Il a travaillé avec plusieurs organismes, dont le CHUM, pour les aider à mettre au point des stratégies dans le cadre de campagne de financement.

D'abord les gens, ensuite l'argent

«Il faut s'intéresser aux gens avant de s'intéresser à l'argent des gens. Les anglophones ont compris cette stratégie depuis longtemps. Ils cultivent beaucoup cet engagement envers l'institution. Dans notre monde francophone, c'est en plein développement. Est-ce que d'ici un an, ce rattrapage va être fait? Non. Mais au cours de la prochaine décennie, oui», croit M. Desautels.

En date de l'été dernier, 24 millions avaient été amassés dans le cadre de la campagne de financement. Le président de la fondation du CHUM refuse d'en dire plus, car la campagne se trouve dans sa «phase silencieuse». C'est pendant cette période que les dons les plus importants sont généralement recueillis, avant que la campagne ne prenne son envol public.

«C'est encourageant, affirme toutefois M. Rabbat. Nous avons rencontré plusieurs compagnies. Elles sont très à l'écoute de ce que nous leur demandons.»

Les donateurs vont répondre à l'appel lorsque le projet du CHUM sera définitivement sur les rails. Le lancement de l'appel de propositions va créer un contexte favorable, assure M. Rabbat.

«Les donateurs, que ce soit des entreprises, des individus ou des fondations, veulent que leur don ait un impact. Quand toutes les ficelles seront attachées, ce sera plus facile pour le CHUM et le CUSM de convaincre leurs partenaires de faire un don important», confirme Gil Desautels.

Les volets «corporatifs» et grand public de la campagne de financement vont d'ailleurs plutôt bien. Des activités de financement comme le tournoi de golf du CHUM remportent un franc succès et la fondation a recruté l'humoriste Yvon Deschamps à titre de porte-parole de la campagne auprès de la population.

CHUM et CUSM main dans la main

Le Centre universitaire de santé McGill doit lui aussi amasser 200 millions par l'entremise de ses fondations. Comme il s'agit de deux campagnes majeures à Montréal, en même temps, le CHUM et le CUSM ont décidé de travailler de concert.

Ils mènent des approches communes auprès des quelque 250 sociétés inscrites en Bourse et vont se partager les dons. C'est une stratégie relativement récente qui a eu du succès pour l'Université de Montréal, dans le cadre de sa campagne de financement menée conjointement avec HEC Montréal et Polytechnique.

Mais l'approche auprès des gens d'affaires n'est pas aisée. Les nombreux retards pris au fil des ans pour la construction du CHUM, ainsi que les querelles entourant le choix d'un emplacement ont laissé des cicatrices. À tel point que des représentants du CHUM ont fait le tour des gens d'affaires l'automne dernier pour leur expliquer le projet du CHUM au 1000, Saint-Denis et leur en vanter les avantages. Une initiative qui a du succès. «Quand on leur explique clairement, la réaction est meilleure» confie une source.

De l'autre côté de la montagne, on sent aussi une pointe d'impatience de la part du CUSM qui a longtemps attendu après le CHUM pour aller de l'avant.

«Il y a des choses qui ne sont pas encore réglées au CHUM. Les médecins ne sont pas sûrs du projet. Dans la communauté d'affaires, les gens voulaient l'autre site. On va tous (CUSM et CHUM) arriver à lever les fonds nécessaires. Mais le CHUM pose encore des questions. Nous on y a déjà répondu», déclare la présidente de la Fondation de l'Hôpital de Montréal pour enfants, Louise Déry-Goldberg.

Avec La Collaboration D'ariane Lacoursière