Tous les midis, un élève sur six, à la Commission scolaire de Montréal, bénéficie de la Mesure alimentaire. Pour 0,50$, il obtient un repas complet. Autrement, ces élèves mangeraient très mal, peu ou pas du tout.

En tout, ce sont 11 000 élèves de cette seule commission scolaire qui vivent l'insécurité alimentaire. Et c'est deux fois plus qu'au moment où le programme d'aide a débuté, il y a 18 ans.

 

«Nous avons uniquement mis sur pied un programme de dépannage et aujourd'hui, ça nous rattrape», explique Claire Pelletier, responsable des services alimentaires à la CSDM. Car à l'origine, en plus des repas subventionnés, il y avait un volet d'éducation à l'alimentation de prévu. Pour les jeunes et leurs parents. Pour toutes sortes de raisons, dont une demande grandissante d'aide alimentaire, le volet éducatif est resté sur les tablettes.

Hier, la CSDM a voulu revenir en arrière avec son premier colloque sur l'insécurité alimentaire, Apprendre sans faim, auquel étaient conviés les professionnels de l'éducation, les milieux communautaires et les parents. Le premier constat: il faudra absolument tout ce beau monde pour s'assurer que les enfants, en général, mangent mieux.

«L'école vit avec les conséquences de l'insécurité alimentaire», explique Anne-Marie Hamelin, professeur au département des sciences de l'alimentation et de nutrition de l'Université Laval, qui rappelle les liens entre la faim chez l'élève et les difficultés d'apprentissage. «L'école fait partie de la solution, dit-elle, mais elle n'est pas l'unique solution. Un élève vit surtout à l'extérieur de l'école.»

Vrai, dit Diane De Courcy, présidente de la CSDM: «D'abord et avant tout, l'alimentation est une affaire de famille. Mais nous avons la responsabilité de nous assurer qu'ils mangent et qu'ils mangent bien.» À partir des ateliers de la journée d'hier, la CSDM compte lancer une série d'actions, dès la prochaine année scolaire, afin de se réapproprier l'alimentation.

Des légumes sur les toits?

Les écoles primaires sont très souvent mal équipées en services alimentaires parce que plusieurs d'entre elles ont été construites à l'époque où les petits allaient manger à la maison, le midi. Les enfants mangent donc maintenant dans des gymnases ou des classes, souvent avec leurs manteaux sur le dos parce que les jeunes du deuxième cycle mangent immédiatement après. Pas très efficace pour bâtir une estime et une appréciation de la nourriture. «Est-ce qu'on devrait équiper toutes nos écoles de cuisines et de cafétérias? demande Diane De Courcy. Peut-être. Mais si on le faisait, il faudrait aussi les ouvrir la fin de semaine pour qu'elles puissent servir à des cuisines collectives.» De même, la présidente de la CSDM croit que l'on pourrait verdir les toits de certaines écoles et y installer des potagers pour que les élèves comprennent bien d'où vient ce qu'ils mangent. Utopique, tout cela?

«Nous allons présenter des projets concrets dès septembre prochain», promet Diane De Courcy.

À la rentrée 2010, des élèves de Montréal mangeront-ils des carottes qu'ils auront fait pousser sur le toit de leur école?