Un groupe de chercheurs de l'Université de Montréal vient de faire une inquiétante découverte. Aux abords de la station d'épuration de Montréal, des produits de chimiothérapie, des médicaments contre l'hypertension et des composés contre l'obésité se retrouvent dans l'eau. Dans un rapport publié hier, les chercheurs s'inquiètent des effets de ces produits sur la santé de la faune et de la flore du fleuve Saint-Laurent.

Avant d'entrer dans l'usine d'épuration de Montréal, l'eau du fleuve contient de fortes concentrations de médicaments, ont noté le professeur de chimie environnementale à l'Université de Montréal, Sébastien Sauvé, et son équipe.

Puisque l'usine d'épuration ne désinfecte pas l'eau, mais lui fait plutôt subir une filtration et un traitement sommaire aux sels de fer, l'eau contient toujours plusieurs produits médicamenteux à sa sortie. «Nous trouvons encore les composés contre l'hypertension et l'obésité, mais on ne détecte plus les produits de chimiothérapie qui se trouvaient à l'entrée», explique M. Sauvé.

D'autres études ont déjà montré que des hormones et des antibiotiques sont aussi présents en amont et en aval de l'usine d'épuration de Montréal.

Comment ces produits toxiques se retrouvent-ils dans l'eau? Les citoyens qui consomment des hormones, des antibiotiques et des médicaments les rejettent quasiment intacts dans leurs urines. Les produits sont alors évacués dans le réseau d'égouts montréalais, qui se déverse près de l'usine d'épuration.

«Les gens consomment de plus en plus de médicaments. On en retrouve de plus en plus dans l'eau», dit M. Sauvé.

Aucune étude ne permet de connaître les effets de la présence de médicaments sur la santé de la faune et de la flore aquatique. Des études ont déjà montré que la présence d'hormones incite les moules à changer de sexe.

Désinfection à l'ozone

L'usine d'épuration de Montréal a été construite en 1987. Au départ, elle devait utiliser un processus de désinfection au chlore. Mais un décret du gouvernement a interdit l'utilisation de ce procédé. Depuis, l'usine est contrainte d'utiliser seulement la filtration et des traitements sommaires.

Richard Fontaine, de la direction de l'épuration des eaux usées à la Ville de Montréal, n'est pas surpris par les résultats de l'étude de M. Veillette : «On travaille depuis un certain temps à déterminer ce qui se trouve dans l'eau. Cette étude montre des produits qui reflètent la consommation des citoyens.»

M. Fontaine explique que la Ville est en train de modifier son usine pour pouvoir utiliser une désinfection à l'ozone. Cette modification coûtera 200 millions de dollars et devrait être terminée en 2013. «Avec l'ozone, entre 70% et 80% des médicaments pourraient être éliminés», précise-t-il.