Voici les cinq ministères-clés du gouvernement Marois et leurs titulaires.

> Santé

Nouveau ministre de la Santé, nouvelle promesse de régler le problème des listes d'attente. Fraîchement nommé, le Dr Réjean Hébert se donne quatre ans afin d'y arriver. Pour ce, il se fixe «trois priorités»: améliorer l'accès aux médecins de famille,intégrer d'autres professionnels (infirmières, psychothérapeutes, inhalothérapeutes ou nutritionnistes) dans les groupes de médecine familiale, et soigner les personnes âgées à domicile plutôt que dans les hôpitaux, avec un projet d'assurance-autonomie qui coûterait 500 millions.

Le PQ a promis d'améliorer la rémunération et les conditions de travail des médecins omnipraticiens pour que davantage de jeunes choisissent cette pratique. M. Hébert, ex-doyen de la faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke, plaide le réalisme. «Il faut attendre que de nouveaux médecins arrivent en médecine de famille. Il faut intéresser les finissants à la médecine de famille pour qu'au moins la moitié d'entre eux l'adoptent. Il faut recruter d'autres professionnels de la santé pour compléter les groupes de médecine familiale. Il faut informatiser le réseau pour améliorer leur efficacité. Nous pensons qu'en quatre ans, on est capables de faire cela, mais on n'a pas de baguette magique qui permettrait de faire cela en un an.» 

> L'équipe éducation

«Pour le nouveau gouvernement, l'éducation sera une grande priorité», a déclaré Pauline Marois hier. Elle a voulu en donner la preuve avec la nomination de deux ministres plutôt qu'un: Marie Malavoy (Éducation, Loisir et Sport) et Pierre Duchesne (Enseignement supérieur, Recherche, Science et Technologie).

L'ancien journaliste a le mandat, délicat, de régler le conflit étudiant. Il annulera la hausse des droits de scolarité, comme l'a promis Mme Marois en campagne électorale. «On ne tardera pas trop», a assuré M. Duchesne. D'ici 100 jours, il tiendra un sommet sur l'enseignement supérieur où, comme Mme Marois l'a déjà indiqué, il proposera l'indexation des droits de scolarité. La FEUQ et la FECQ ont salué sa nomination. La CLASSE, qui prône la gratuité scolaire, se dit simplement «prête à rencontrer Pierre Duchesne». «On va essayer d'avancer convenablement et de mettre cette crise-là derrière nous», a affirmé le nouveau ministre. Il a promis d'«engager un dialogue profond, sérieux, dénué de toute approche qui pourrait ressembler à des préjugés». «Il faut ouvrir la discussion complètement, pas juste avec les mouvements étudiants», mais aussi les universités et les collèges, a-t-il dit.

De son côté, Marie Malavoy doit notamment instaurer la maternelle à 4 ans dans les milieux défavorisés. La Fédération des commissions scolaires est satisfaite qu'une ministre soit responsable uniquement du réseau primaire, secondaire et professionnel.

> Transports

Grosse surprise dans le cabinet Marois: Sylvain Gaudreault hérite à la fois des Transports et des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire. Le député de Jonquière, élu pour la première fois en 2007, devient donc un superministre.

Les Bleuets ont d'ailleurs beaucoup de poids dans le gouvernement, avec Stéphane Bédard (Chicoutimi) au Conseil du Trésor et Alexandre Cloutier (Lac-Saint-Jean) aux Affaires intergouvernementales. Sylvain Gaudreault, 42 ans, a du pain sur la planche. La première ministre lui a confié la tâche de transformer le ministère des Transports en agence «de façon à en assurer l'intégrité, la transparence et l'efficacité». Il devra «faire le ménage au sein des transports» et «prendre tous les moyens nécessaires pour que les contribuables en aient pour leur argent». Il aura à déposer une «politique intégrée en matière de transports» et une loi-cadre sur la décentralisation et l'occupation du territoire.

L'ampleur du mandat de M. Gaudreault a inspiré à la libérale Lise Thériault ce commentaire: «Pauvre Ti-Pit, il ne sera pas souvent chez eux! Il va être obligé de travailler 28 heures sur 24!» Dans le gouvernement Charest, trois ministres se partageaient les responsabilités aujourd'hui dévolues à M. Gaudreault. «C'est une marque de confiance extrêmement importante de la part de Mme Marois», a affirmé l'avocat de formation. «Ce sont deux ministères sous un même ministre. Ça donne une image, une idée, et une orientation de cohérence entre ces deux fonctions extrêmement importantes de l'État.»

> L'équipe environnement

«On est rendus au XXIe siècle. Il est temps que les Verts soient au pouvoir», a lancé le nouveau ministre du Développement durable et de l'Environnement, Daniel Breton. Il complète un trio formé par Scott McKay, son adjoint parlementaire, et Martine Ouellet, ministre des Ressources naturelles.

Les environnementalistes se sont réjouis de ces nominations. «Nos voeux les plus chers sont exaucés. Les trois personnes qui obtiennent des responsabilités importantes sont celles qu'on espérait. Ils ont une vision claire et cohérente du développement durable», a lancé, tout sourire, André Bélisle, de l'Association québécoise de lutte à la pollution atmosphérique. Greenpeace a aussi accueilli ces nominations «avec enthousiasme». M. McKay est un ancien chef du Parti vert, formation fondée par M. Breton. Ce dernier a aussi cofondé le groupe environnementaliste Maîtres chez nous 21e siècle. Mme Ouellet, ingénieure, a quant à elle milité pour le groupe Eau Secours. Elle a aussi été chef des projets spéciaux à Hydro-Québec Production.

Le trio s'attaquera à plusieurs dossiers sensibles: la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2, l'annulation du prêt à la mine d'amiante Jeffrey, le gaz de schiste, la réforme de la Loi sur les mines, Hydro-Québec ainsi que le pétrole à Anticosti, dans le gisement Old Harry et en Gaspésie. «J'ai travaillé 10 ans avec l'industrie minière et les grosses industries lourdes du Québec. Ils peuvent compter sur ma collaboration pour enrichir le Québec», a dit Mme Ouellet.

> L'équipe identité

Pour défendre ses dossiers identitaires controversés et qui risquent d'être bloqués par l'opposition, Pauline Marois envoie au front Bernard Drainville (responsable des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne), Diane De Courcy (Immigration et Communautés culturelles, Langue) et Jean-François Lisée (responsable de la région de Montréal).

M. Drainville pilotera les projets de Charte de la laïcité et de citoyenneté québécoise. Des dossiers casse-gueule dans un gouvernement minoritaire? «Je suis confiant; on va pouvoir trouver une sorte de terrain d'entente qui va nous permettre d'avancer», a-t-il répondu. Même chose pour le renforcement de la Charte de la langue française, que le PQ voudrait appliquer aux cégeps et aux entreprises de 11 à 50 employés. Mme Marois avait promis de déposer le projet de loi dans ses 100 premiers jours au pouvoir.

Diane De Courcy, ancienne présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), respectera-t-elle cette échéance? Elle a refusé de s'arrêter pour répondre à cette question des journalistes.

Mme Marois a confié à Jean-François Lisée le mandat «d'entretenir une "conversation" avec la communauté anglophone». C'est une «ouverture importante», estime-t-il. «J'ai écrit sur la nécessité d'arrêter d'opposer la sécurité linguistique des francophones et la sécurité linguistique des anglophones et des Premières Nations. Il faut tenter d'avancer vers cette triple sécurité qui n'a pas à s'opposer.»