La décision de Québec de financer la relance de la mine d'amiante Jeffrey, à Asbestos, a continué de faire des vagues, hier. Jean Charest et son ministre de la Santé ont défendu leur choix, qui a été critiqué à Ottawa.

Le premier ministre a affirmé hier que la décision d'accorder un prêt à l'entreprise n'a rien à voir avec la possibilité d'élections provinciales à la fin de l'été.

Le premier ministre a répété que le Québec est convaincu de la possibilité d'utiliser l'amiante chrysotile de manière sécuritaire.

«La position du gouvernement du Québec, c'est une position qui a transcendé les partis politiques et les gouvernements, [sur] l'utilisation sécuritaire du chrysotile, a-t-il dit. Donc, c'est une position qui reflète nos convictions sur l'utilisation sécuritaire du chrysotile.»

M. Charest a notamment fait allusion aux conditions de l'attribution de ce prêt, qui prévoit une vérification par une firme indépendante de l'utilisation sécuritaire de l'amiante chez les clients de Mine Jeffrey.

Son ministre de la Santé, le Dr Yves Bolduc, a lui aussi défendu l'annonce au cours d'un passage à Asbestos.

«Au Québec, nous avons fait le choix d'exploiter l'amiante de façon sécuritaire. Et lorsqu'il est exploité dans les règles, il n'y a aucun danger pour la santé», a-t-il indiqué.

Québec a annoncé vendredi un prêt de 58 millions de dollars, remboursable avec intérêts, pour financer la relance de la mine Jeffrey. La décision a été critiquée parce que l'amiante, produit cancérigène, sera exporté vers des pays tels que l'Inde, où les conditions d'utilisation peuvent mettre en péril la santé des travailleurs.

«Une erreur», selon le NPD

Le gouvernement fédéral ne fournit aucun appui financier ou logistique au projet. Mais la décision du gouvernement Charest a néanmoins provoqué des réactions à Ottawa.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD), qui a toujours pris position contre l'exploitation de l'amiante, souhaite qu'Ottawa investisse pour favoriser la mise en valeur de nouvelles industries dans la région. Bien qu'il se défende de se mêler de politique provinciale, le député néo-démocrate de Compton-Stanstead, Jean Rousseau, estime que la relance de la mine Jeffrey est une «erreur».

«Nous, on pense un peu que c'est une erreur à moyen terme puisque de plus en plus de pays abandonnent ce matériel dans divers procédés de construction, a-t-il indiqué. Mais c'est une décision provinciale, pas une décision fédérale.»

Le ministre de l'Industrie, Christian Paradis, qui représente la circonscription de Mégantic-L'Érable, non loin de la mine Jeffrey, s'est dit favorable à une exploitation sécuritaire de l'amiante.

«Je comprends que c'est le gouvernement du Québec qui a décidé d'aller de l'avant avec un prêt, a-t-il déclaré hier. Donc, je souhaite bon succès à la communauté concernée.»

- Avec la collaboration de Chloé Cotnoir, La Tribune, et de La Presse Canadienne