En baisse dans les sondages, la Coalition avenir Québec mise sur son congrès de fondation, les 20 et 21 avril à Victoriaville, pour retrouver un peu de tonus et galvaniser les troupes, à l'approche du prochain rendez-vous électoral.

Car cette toute première rencontre entre quelque 500, voire 600 militants caquistes pourrait bien aussi être la dernière avant le déclenchement des élections générales, ce qui en fait un événement doublement déterminant dans la courte histoire du parti créé par François Legault en novembre.

La présidente du parti, Dominique Anglade, est d'ailleurs bien consciente de l'importance «cruciale» de l'enjeu, dans un tel contexte.

La CAQ ne peut pas rater sa «mise au jeu» officielle, convient Mme Anglade, au cours d'une entrevue à La Presse Canadienne, autour d'un café, dans le décor lambrissé du restaurant Le Parlementaire.

Au cours des dernières semaines, Mme Anglade est allée sur le terrain, de région en région, sonder les reins et les coeurs de quelque 400 membres de la nouvelle formation, afin de dessiner les contours du programme à adopter lors du congrès d'avril.

Elle est revenue de sa tournée avec en poche une liste de 302 propositions sur une foule de sujets, qui seront fondues en une cinquantaine de résolutions à débattre en ateliers lors du congrès.

Ce sera donc l'occasion pour les membres de mettre un peu de chair autour du plan d'action sommaire présenté en novembre par François Legault, et d'annoncer les couleurs de la CAQ sur différents enjeux.

Le développement régional et la décentralisation des pouvoirs vers les paliers locaux et régionaux seront du nombre. La régionalisation de l'immigration, actuellement essentiellement centrée à Montréal, pourrait aussi faire partie des thèmes abordés.

Il faut aussi s'attendre à voir le parti prendre position sur la protection de l'environnement, l'exploitation des ressources naturelles et sur une politique de soins et services destinés aux  personnes âgées.

«On peut difficilement passer à côté de ça», dit Mme Anglade.

L'efficacité est le mantra de François Legault et le congrès de son parti sera à son image.

On nous assure qu'il sera mené rondement et de plus courte durée que ceux des autres partis: il débute le vendredi soir et prendra fin le samedi après-midi.

Les débats seront donc à l'avenant, c'est-à-dire brefs. «On n'aura pas le choix», dit-elle, le temps réservé aux membres pour débattre sera écourté.

«Il va falloir qu'on soit beaucoup plus efficace dans notre manière de faire les choses», reconnaît-elle, promettant qu'«on ne va pas s'éterniser» sur les différentes questions en passant rapidement au vote.

Une inconnue, cependant: comment se comportera la base militante, issue de la défunte Action démocratique, du Parti québécois ou d'autres formations? Osera-t-elle affronter son chef sur certains enjeux, à la manière péquiste? Ou sera-t-elle en symbiose parfaite avec son chef, à la manière libérale? Réponse le 21 avril.

Un des défis de la Coalition sera donc de présenter un front uni, ce qui ne va pas nécessairement de soi pour une formation toute nouvelle à l'identité encore floue.

Quoi qu'il en soit, Mme Anglade assure que la Coalition est fin prête à vivre sa première campagne électorale. «On met les bouchées quadruples pour être prêts», dit cette mère de trois jeunes enfants.

Malgré les sondages qui indiquent une baisse de popularité constante depuis quelques mois, «ça va bien, le moral est bon» au sein de l'équipe, assure-t-elle.

Sur le terrain, elle dit avoir constaté que l'intérêt de la population pour François Legault ne se dément pas. «Les gens aiment beaucoup l'idée d'avoir un entrepreneur à la tête du Québec», selon elle.

Les militants de la base reconnaissent en M. Legault un leader «authentique, simple, humble et déterminé».

Pas de chicanes en vue. Elle dit que personne, au cours de sa tournée, ne lui a reproché la position controversée de son chef sur la question nationale. La CAQ veut attirer les souverainistes et les fédéralistes et s'engage à mettre la question nationale entre parenthèses pendant une décennie.

D'ici le congrès, le nom de la plupart des 125 candidats de la CAQ aux prochaines élections devrait être connu.

Elle promet que des candidats-vedettes feront aussi partie de l'équipe. «Il y en aura, ça, je peux vous le garantir», indique-t-elle, sans vouloir énumérer des noms ou confirmer ceux qui font l'objet de rumeurs.