Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, a dû cautionner personnellement une marge de crédit de 200 000$ accordée à son parti au moment de sa formation. Il s'agit d'une obligation «inusitée», observe-t-on au Directeur général des élections; des prêts bien plus importants ont été accordés par le passé à des partis politiques sans que personne n'ait eu à se porter garant de l'emprunt.

Hier, le bras droit de M. Legault, Martin Koskinen, a confirmé les informations obtenues par La Presse. Lors de la formation du parti, à la fin de 2011, la Banque Nationale a exigé que quelqu'un cautionne la marge de crédit que souhaitait obtenir la CAQ. Comme le nouveau parti ne voulait pas prêter flanc à la critique et être accusé d'être à la solde d'une poignée de mécènes fortunés, M. Legault a vite consenti à en être le seul et unique garant, explique-t-il. Il aurait à payer de sa poche dans l'éventualité où la CAQ «ferait faillite» tout en ayant utilisé cette marge de manoeuvre financière. Actuellement, cette marge n'est pas entamée.

«La Banque a posé cela comme condition incontournable: pas de caution, pas de marge de crédit, ce n'était pas négociable», résume M. Koskinen. En fond de scène aussi, les partis ont de plus en plus de difficulté à trouver du financement: les nombreux reportages qui associent contribution politique et faveurs rendent les donateurs frileux, constate aussi Patrick Lebel, directeur général de la CAQ.

Depuis le début de 2012, la CAQ a amassé environ 200 000$. C'est moins que le Parti libéral, qui a récolté environ 275 000$, mais plus que les 125 000$ du Parti québécois. Il faut noter que le parti de Pauline Marois n'a pas encore entamé sa campagne annuelle de financement.

Une première

Au bureau du Directeur général des élections, le porte-parole Denis Dion convient que c'est la première fois qu'une banque exige une caution personnelle. Des électeurs ont déjà consenti des prêts à des partis politiques. Jean Allaire a déjà prêté 61 000$ à l'Action démocratique du Québec (ADQ). Le père d'Amir Khadir, Abdoujafar, homme d'affaires prospère, a prêté 50 000$ à Québec solidaire en 2008.

En 2003, l'ADQ a emprunté 2,7 millions à la banque, avec comme seule garantie l'allocation que verse annuellement le Directeur général des élections. Selon Martin Koskinen, le fait que la CAQ ait été en novembre dernier un «parti sans historique» a pu peser dans la balance et inciter la banque à exiger plus de sécurité.