En plus d'assainir le financement politique, le projet de loi de Claude Béchard propose une vaste réforme de la carte électorale, un sujet épineux. L'opposition condamne ce double objectif et accuse le ministre de faire le «matamore».

En vertu des changements proposés, le nombre de circonscriptions passerait de 125 à environ 128 ou 132, selon M. Béchard. L'opposition calcule plutôt que 140, voire 150 députés s'entasseraient dans le salon Bleu du parlement.

 

Claude Béchard dépose cette réforme sans attendre la nouvelle carte électorale du directeur général des élections, qui fait des travaux et mène des consultations publiques depuis plusieurs mois. «Sur la carte électorale, on doit prendre des décisions là, là. Ou on laisse le DGEQ finir le processus qu'il avait entamé et, donc, qu'on diminue le nombre de comtés en région. Et ça, ce n'est pas notre choix», a expliqué M. Béchard.

Déposée l'an dernier, la première mouture du projet du directeur général des élections du Québec, Marcel Blanchet, faisait disparaître trois circonscriptions peu densément peuplées: Gaspé, Beauce-Nord et Kamouraska-Témiscouata, la circonscription du ministre Béchard. Il en créait trois nouvelles dans les couronnes nord et sud de Montréal, là où la population a augmenté. Le DGEQ accepté de modifier sa proposition, critiquée en région. À l'heure actuelle, un vote pèse deux fois plus lourd dans Gaspé (27 000 électeurs) que dans Masson (64 000 électeurs), dans Lanaudière.

Un minimum de 125 circonscriptions

Avec son projet de loi, Claude Béchard fixe un nombre minimal de circonscriptions par région, ce qui préserve les 125 actuelles - dont la sienne -, un geste salué par la Fédération québécoise des municipalités. En plus des Îles-de-la-Madeleine, il ajoute deux «circonscriptions d'exception», considérées comme telles car elles comptent beaucoup moins d'électeurs que le minimum fixé par la loi: Nunavik et Ungava (déjà existante mais dont les limites sont modifiées pour créer Nunavik). Claude Béchard laisse ensuite le soin au DGEQ de créer de nouvelles circonscriptions dans les régions plus peuplées.

Le PQ et l'ADQ accusent le ministre de «jeter à la poubelle» tout le travail réalisé par le DGEQ. «Le ministre a plus l'air d'un matamore là-dedans, a lancé le leader parlementaire du PQ, Stéphane Bédard. Il a travaillé en catimini, sans demander l'avis de personne. Il semble beaucoup plus préoccupé à sauver son comté qu'à avoir une véritable réflexion sur la carte électorale». Le PQ, l'ADQ et Québec solidaire proposeront de scinder le projet de loi, car le financement politique et la carte électorale sont deux sujets différents et que le premier est plus pressant que le second. Les règles sur le financement politique, «c'est une confiture dans laquelle le ministre a mis une pilule qui ne s'avale pas», a lancé Sylvie Roy.