La chef intérimaire adéquiste Sylvie Roy dit ne pas comprendre la réaction des libéraux à la question qu'elle a posée à l'Assemblée nationale jeudi, dans la foulée du scandale qui éclabousse le monde politique actuellement.

Mme Roy a suscité la colère du gouvernement en alléguant, dans la formulation de sa question, que trois ministres ont séjourné sur le bateau d'un controversé entrepreneur en construction. Elle ne les a pas nommés.

Le président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Frank Zampino, a déjà dû quitter son poste pour avoir séjourné sur le bateau de ce même entrepreneur, en raison de soupçons de conflit d'intérêts.

En Chambre, Mme Roy a voulu savoir si le ministre de la Sécurité publique, dans ses vérifications, a appris que le premier ministre savait qu'il y a trois ministres qui ont séjourné sur le bateau de Tony Accurso, l'entrepreneur en question.

En réponse à la question de la député adéquiste, le premier ministre Jean Charest, le leader du gouvernement et ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, et le leader adjoint Claude Béchard ont tous trois réclamé que Mme Roy quitte ses fonctions de chef parlementaire. Ils l'ont accusée de ternir la réputation du cabinet et d'abuser du privilège qui permet aux députés de faire des déclarations en Chambre sans risque d'être poursuivis.

En entrevue à la chaîne LCN, vendredi matin, Sylvie Roy a rétorqué à cela qu'elle n'a pas donné les noms des trois ministres auxquels elle faisait référence dans sa question justement pour ne pas entacher leur réputation. Elle a ajouté que son rôle dans l'opposition est de poser des questions et qu'elle n'a pas l'intention de se cacher pour les poser.

Quant à son rôle de leader parlementaire, Mme Roy a rappelé à LCN qu'elle a déjà fait connaître son intention de ne pas continuer à l'occuper et que le nouveau chef du parti, Gilles Taillon, nommera la personne qui lui succédera mardi prochain. Selon elle, l'appel des libéraux à sa démission n'est que du «bluff».

La question posée par Mme Roy à l'Assemblée nationale jeudi est liée à des informations soumises plus tôt cette année au premier ministre Charest par Benoit Labonté, l'ancien bras droit de Louise Harel dans la course à la mairie actuellement en cours à Montréal et ancien membre du comité exécutif de la Ville.

M. Labonté avait alors indiqué au premier ministre que, selon ses informations, trois ministres de son cabinet avaient séjourné sur le bateau de M. Accurso. M.Charest avait alors jugé bon de faire faire des vérifications par son chef de cabinet. M. Charest a soutenu jeudi que les vérifications avaient lavé de tout soupçon les trois ministres, soit Julie Boulet, Norman MacMillan et David Whissell.

Dans une entrevue accordée à Radio-Canada et diffusée jeudi soir, M. Labonté a expliqué les circonstances de son départ de la politique municipale il y a quelques jours dans la foulée d'allégations à son sujet.

Il a en outre reconnu avoir eu des rencontres avec l'homme d'affaires Tony Accurso, contrairement à ce qu'il avait affirmé précédemment, et avoir obtenu une somme d'argent substantielle d'entrepreneurs pour financer sa course à la direction de Vision Montréal, en 2008.

Jeudi soir, réagissant à cette entrevue qu'il n'avait pas encore vue, le premier ministre a affirmé que si M. Labonté a des faits ou des preuves, il doit les faire connaître.