Accompagnés d'un député libéral, deux membres de la haute direction de la minière Osisko ont fait la leçon mercredi au député de Québec solidaire Amir Khadir, relativement à ses interventions concernant une mine à ciel ouvert en Abitibi-Témiscamingue.

Dans un corridor de l'Assemblée nationale, le vice-président aux finances de l'entreprise, Bryan Coates, a profité d'une rencontre impromptue pour contester l'analyse que M. Khadir fait de la rentabilité du projet d'extraction d'or, à Malartic.

M. Coates était accompagné par son collègue vice-président aux ressources humaines, Robert Mailhot, et par le député libéral Daniel Bernard, un ancien ingénieur minier qui représente maintenant la circonscription de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.

Durant l'échange, M. Bernard a invité M. Khadir à accepter une rencontre avec M. Coates afin de discuter plus amplement du projet minier.

«Ce que M. Coates propose, je pense que c'est une bonne opportunité pour bien échanger», a-t-il dit à M. Khadir.

Le projet minier d'Osisko a suscité la controverse en raison notamment d'une opération de relocalisation de 205 résidences qui a commencé l'année dernière, plusieurs mois avant que le gouvernement donne son feu vert au projet, en août.

Lors d'une entrevue à La Presse Canadienne, peu après le départ de MM. Khadir et Bernard, M. Coates a affirmé qu'il était insatisfait des interventions du député de Québec solidaire dans ce dossier.

L'homme d'affaires l'a accusé de déformer la réalité, de faire preuve de sensationnalisme et de mal connaître l'industrie minière.

«Je crois que M. Khadir a adopté l'industrie minière comme champ de bataille, a-t-il dit. Et j'essaie d'aider M. Khadir à mieux comprendre notre industrie.»

Selon M. Coates, M. Khadir sous-évalue les revenus que le gouvernement tirera du projet ainsi que l'étendue des appuis dont dispose le projet dans la population locale.

«C'est toujours malheureux lorsqu'une personne comme M. Khadir, avec un poste de responsabilité comme il a, apporte des commentaires qui ne sont pas fondés», a-t-il dit.

Les deux représentants d'Osisko avaient été invités à assister à la période des questions par M. Bernard, un ami personnel de M. Mailhot.

Après avoir quitté le Salon bleu, ils ont croisé M. Khadir, qui revenait d'aller saluer des joueurs du club de soccer de l'Impact de Montréal, de passage à l'Assemblée nationale.

Lors d'une entrevue téléphonique, M. Khadir a déploré que M. Bernard se soit associé à cette rencontre.

Le député de Québec solidaire s'est indigné de la proximité de M. Bernard avec les promoteurs du projet minier.

«Je trouve ça indécent parce qu'avant, il était au service de compagnies minières, a-t-il dit. (...) Il fait le «peddler», il fait le commis pour les minières.»

Selon M. Khadir, une fois tous les coûts déduits, Osisko encaissera un profit net de 170 $ l'once d'or, soit un rendement de 28 pour cent sur l'investissement.

M. Khadir déplore qu'en redevances, le Québec ne touchera que 12 $ l'once, un chiffre qu'a contesté M. Coates en plaidant que l'entreprise paiera aussi des impôts.

«Il m'a fait la leçon de toutes sortes de façons», a dit M. Khadir.

Le député de Québec solidaire, qui soutient avoir obtenu ce résultat à partir des données diffusées par l'entreprise, a néanmoins accepté l'invitation de l'homme d'affaires.

«Il va tenter de me convaincre que je me trompe dans mon analyse, mais je vais lui présenter mon point de vue», a-t-il dit.

Lors d'une entrevue téléphonique, M. Bernard s'est défendu d'être trop près des entreprises minières.

«C'est un faux débat ça, a-t-il dit. Je ne trouve pas ça sain si on commence à faire ça. Parce que chaque député a ses champs d'intérêts qui sont fonction de sa réalité régionale. Chez moi, les compagnies minières et forestières sont un secteur important de l'économie.»

Au terme de l'exploitation du gisement, qui doit durer environ 10 ans, les gouvernements fédéral et provincial retireront 950 millions $ de revenus du projet minier, a dit M. Bernard.

Après avoir extrait tout l'or de la mine à ciel ouvert, a-t-il indiqué, Osisko empochera 1,4 milliard $ de profits, soit 140 millions $ par année.

«C'est ça la distinction, a-t-il dit. Avec tous les risques qu'ils ont pris.»