Le gouvernement Charest entend amender le projet de loi sur la diversité culturelle pour y «réaffirmer» le principe de l'égalité des sexes, mais il refuse de donner prépondérance à ce droit sur la liberté religieuse comme le demande l'opposition.

«Ce que vous acceptez, c'est qu'il y ait, de fait, discrimination à l'égard des femmes du Québec, et c'est inacceptable», a lancé la chef péquiste Pauline Marois au premier ministre Jean Charest lors de la période des questions, jeudi. Elle a réitéré sa demande d'ajouter une clause interprétative à la Charte québécoise des droits et libertés de la personne afin que l'égalité des sexes soit prépondérante.

La ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Yolande James, n'a contenté ni le PQ ni l'ADQ en acceptant de changer son projet de loi pour inclure trois «valeurs communes»: l'égalité hommes-femmes, la primauté du français et la séparation de l'Église et de l'État.

Lors des audiences publiques, hier, le président de la Commission des droits de la personne, Gaétan Cousineau, a dénoncé le flou du projet de loi 16. Et il a prévenu que «hiérarchiser les droits» serait «compliqué». «Par exemple, vous êtes une femme, mais aussi une musulmane. Qu'est-ce qu'on fait passer avant: le fait que vous soyez une femme ou vos convictions religieuses?» a-t-il demandé aux journalistes.

Donner la primauté à l'égalité des sexes, «ce serait changer complètement les règles du jeu. Au niveau international, le principe de hiérarchisation n'a pas été retenu. On a toujours traité les droits également», a-t-il ajouté, soulignant que la Cour suprême a établi des règles pour «gérer les conflits» entre différents droits. Il a défendu l'avis de son organisme au sujet d'un accommodement consenti par la SAAQ. La société d'État permet à ses clients qui doivent passer un examen de conduite de choisir le sexe de leur évaluateur pour des motifs religieux.

En vertu du projet de loi 16, tout organisme public devrait adopter une «politique de gestion de la diversité culturelle». Gaétan Cousineau déplore qu'aucune précision ne soit apportée sur ce que devrait comprendre une telle politique.

La présidente du Syndicat de la fonction publique du Québec, Lucie Martineau, réclame le retrait du projet de loi car il «inverse les rôles» en forçant les organismes de l'État à «s'ouvrir davantage aux nouveaux arrivants» au lieu de demander aux immigrants de s'intégrer à la société. Elle souhaite l'adoption d'une charte de la laïcité en vue, notamment, d'interdire le port de signes religieux ostentatoires dans la fonction publique.