Le gouvernement Charest ne pourra espérer la moindre collaboration du Parti québécois pour accroître les tarifs des services publics.

Bien au contraire, l'opposition officielle promet une bataille en règle contre toute hausse refilée aux utilisateurs tant que la récession ne sera pas terminée.

«Ce n'est absolument pas le temps de hausser quelque tarif que ce soit», a dit la chef péquiste Pauline Marois, en entrevue lundi à La Presse Canadienne.

«Il y a 80 000 personnes de plus qui sont à l'assurance-emploi depuis le début de l'année. Pensez-vous qu'elles ont les moyens d'assumer des hausses de tarifs?», a-t-elle ajouté.

Mme Marois a prévenu le premier ministre Jean Charest qu'il n'aura pas la partie facile, même s'il a obtenu l'imprimatur de ses troupes en fin de semaine dernière en faveur d'augmentations généralisées de taxes et de tarifs.

Réunis en conseil général, à Drummondville, les militants libéraux ont suggéré une pléthore de nouveaux tarifs ou de taxes à la hausse, que ce soit sur l'alcool, la malbouffe, l'électricité ou encore sur les droits de scolarité au collégial.

La chef péquiste a dit trouver «odieux» que le premier ministre ait cherché à obtenir un chèque en blanc de la part des militants de son parti avant de révéler ses intentions à l'ensemble des Québécois.

«Je trouve cela odieux pour la population québécoise. Est-il redevable à la population du Québec ou au Parti libéral? Il est redevable à la population. Pourquoi n'a-t-il pas eu le courage de dire ça à la population au lieu d'envoyer ses troupes au front pour se dédouaner? C'est un manque de courage et un manque de transparence», a-t-elle dénoncé.

Plus encore, elle juge «en dessous de tout» la volonté de Jean Charest d'augmenter le fardeau des familles après avoir passé la dernière campagne électorale à prétendre que ce scénario ne figurait pas dans ses cartons.

«Il a floué les Québécois en allant en élection et en leur mentant», a lancé la leader souverainiste.

Mme Marois reproche au premier ministre de vouloir détrousser les contribuables après avoir dilapidé, en baisses d'impôts, les transferts de fonds d'Ottawa destinés à corriger le déséquilibre fiscal.

Elle l'accuse aussi d'avoir laissé passer l'occasion de récupérer au profit du Québec, au moment où l'économie roulait à plein régime, l'espace libéré par la baisse de la TPS.

L'idée d'élever les tarifs, en pleine tourmente économique, «n'a pas de bon sens», a insisté la chef de l'opposition.

«Nous ne sommes pas sortis de la crise économique. Quand nous le serons, nous en discuterons. Mais encore faut-il savoir de quoi nous discuterons», a-t-elle ajouté.

A l'Action démocratique du Québec (ADQ), le député François Bonnardel se dit prêt à «accompagner» le premier ministre sur la voie des hausses tarifaires, mais à condition que le gouvernement se serre d'abord la ceinture.

«Avant d'en arriver aux tarifs, il va falloir que le gouvernement nous démontre qu'il peut réduire ses dépenses», a souligné le député de Shefford.

Quant à lui, le coleader de Québec solidaire, Amir Khadir, a dit trouver «déprimant» d'entendre les militants libéraux, surtout les jeunes, «ressasser les vieux discours de Thatcher et de Reagan».

Plutôt que de remettre en question les privilèges fiscaux dont jouissent les grands industriels, les libéraux préfèrent «frapper la classe moyenne et les petites entreprises», a fait valoir le député de Mercier.