Des tarifs nouveaux, des droits de scolarité même pour le collégial, une facture d'électricité plus salée et surtout... des péages partout. Les militants libéraux se sont mis au goût du jour et, en période d'austérité budgétaire, proposeront en fin de semaine une longue liste de mesures impopulaires.

Même les croustilles et les boissons gazeuses devraient être frappées de taxes supplémentaires, proposent les libéraux, une mesure qui vise plus à changer les habitudes qu'à financer le gouvernement.

 

C'est le plan de match qu'auront à adopter en fin de semaine les militants libéraux réunis à Drummondville en conseil général.

Diffusée en fin de journée hier, la résolution principale soumise au vote propose une «loi-cadre sur la tarification» dans le but de hausser l'ensemble des tarifs prélevés par le gouvernement - des recettes de 21 milliards par année proviennent de cette source si on tient compte des factures d'électricité.

Cette loi-cadre devrait, selon la commission politique du PLQ, établir les tarifs «en fonction d'un pourcentage déterminé des coûts réels pour chaque service». Les sommes perçues devront servir à financer les services visés, précise-t-on aussi.

Une proposition soulèvera bien des débats: on recommande que «soit envisagée la possibilité d'instaurer de modestes frais de scolarité au niveau collégial», des frais qui devront tenir compte du coût des services. En contrepartie, on préconise des balises, des «limites» aux frais accessoires exigés par les réseaux de la santé et de l'éducation.

Le texte tient aussi pour acquis que «beaucoup de tarifs existent et la plupart seront indexés», une orientation identique à celle des documents ministériels sur la nouvelle politique tarifaire, révélée par La Presse cette semaine, et qui contenait, coïncidence, un projet de loi sur une hausse générale de la tarification.

Le PLQ propose un retour des péages. Et pas seulement pour les autoroutes 25 et 30. Selon les libéraux, il faudrait «instaurer des péages sur les infrastructures autoroutières interurbaines, dont les revenus seront exclusivement affectés au maintien des infrastructures autoroutières tarifées».

Montréal aura plus que sa part de postes de péage. Sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal, on propose un système de péage distinct dont les revenus seront utilisés pour améliorer la fluidité du réseau autoroutier, améliorer le réseau secondaire et favoriser les transports en commun. Cette idée se trouvait déjà dans le rapport de Claude Montmarquette remis au début de 2008. L'administration Tremblay l'avait reprise dans son plan de transport quelques mois plus tard.

Sur cette lancée, Québec, Gatineau, Sherbrooke et Trois-Rivières devraient aussi subir la même médecine. Seule consolation: les nouveaux usagers des transports en commun devraient bénéficier d'une première carte mensuelle au tarif symbolique de 1$.

Source gigantesque de revenus, une augmentation du tarif de l'électricité est à prévoir. «Les tarifs actuels ne reflètent pas les coûts de production plus onéreux des nouvelles installations», prévient le PLQ. Le prix moyen d'un kilowattheure est de 6,8 cents à Montréal, mais de 11,7 cents à Toronto et de 21,27 cents à New York.

Le document libéral ne parle plus du «bloc de production patrimonial», dont les tarifs dépendent du gouvernement et non de la Régie de l'énergie. Les libéraux proposent plutôt «d'ajuster progressivement les tarifs d'électricité afin qu'ils reflètent les coûts de production, et qu'ils varient selon le moment de la journée et l'intensité de la demande».

En contrepartie, on suggère d'augmenter le seuil auquel la consommation résidentielle est tarifée à un prix inférieur, pour protéger les personnes à faible revenu.

L'an dernier, le gouvernement Charest avait essuyé les critiques acerbes du vérificateur parce qu'il n'exigeait pas les redevances prévues auprès des minières. Les droits «théoriques» sont de 12% des profits. En réalité, depuis 2002, Québec n'a obtenu que 1,5% des profits.

Le document préconise un pourcentage plancher pour ces droits miniers et la mise en place «le plus rapidement possible d'une redevance sur l'eau». Lors de la mise en place du Fonds des générations, on avait prévu que les capteurs d'eau contribueraient comme Hydro-Québec, mais on n'a jamais tarifé leurs activités finalement.

Et s'ils se lassent de parler de tarification, les militants libéraux pourront traverser d'autres terrains minés. La résolution propose une série de resserrements sur les pouvoirs et les dépenses des commissions scolaires.