Malgré la résolution du gouvernement fédéral à s'exprimer d'une seule voix lors du prochain sommet international sur les changements climatiques, au Danemark, le premier ministre Jean Charest a déclaré jeudi qu'il profitera de l'événement pour faire entendre la position divergente du Québec sur les cibles de réduction des émissions de gaz à effets de serre.

M. Charest a affirmé qu'il prendra la parole partout où il aura l'occasion de le faire lors du sommet de Copenhague, en décembre prochain, où les ministres de l'Environnement sont conviés par les Nations unies afin de déterminer les suites à donner au protocole de Kyoto, qui arrive à échéance en 2012.

Lors des conférences précédentes, le Québec n'avait été représenté que par son ministre de l'Environnement. Au moins deux de ces rencontres annuelles, à Bali et Nairobi, avaient permis de constater une nouvelle fois les frictions entre Québec et Ottawa concernant la lutte aux changements climatiques.

En juin, M. Charest avait réclamé qu'Ottawa consulte les provinces avant d'élaborer la position que le ministre fédéral de l'Environnement, Jim Prentice, présentera à Copenhague.

Par la suite, son bureau a confirmé qu'il se rendrait, en compagnie de sa ministre de l'Environnement, Line Beauchamp, dans la capitale danoise.

Jeudi, alors qu'il amorçait un conseil des ministres conjoint avec son homologue ontarien Dalton McGuinty, M. Charest a affirmé qu'il ne s'était jamais attendu à ce que les provinces s'entendent sur une position commune.

«On va se parler franchement: je ne crois pas que l'Alberta et la Saskatchewan soient sur les mêmes objectifs que le Québec, a-t-il dit. Ca, franchement, je ne l'anticipe pas.»

Il s'agira de la première fois que le Québec est représenté par son premier ministre lors de ces conférences sur les changements climatiques.

Au début du mois, M. Prentice avait rappelé que M. Charest était le bienvenu à Copenhague mais qu'il devrait respecter l'autorité du gouvernement fédéral, qui souhaite que le Canada s'exprime d'une seule voix.

Selon M. Charest, cela ne l'empêchera pas d'exprimer son point de vue.

«Nous avons un engagement de la part du gouvernement fédéral à l'effet que nous serons dans la délégation, a-t-il dit. Maintenant, on prendra la parole partout où on aura l'occasion.»

M. Charest a affirmé qu'il coprésidera notamment un sommet des chefs de gouvernements d'Etats fédérés, comme il l'avait fait lors d'un précédent sommet qui s'était tenu à Montréal, en 2005.

Lors d'une conférence de presse commune, M. McGuinty a affirmé que son gouvernement sera représenté par son ministre de l'Environnement seulement.

«Nous voulons que le Canada fasse partie de la solution, a-t-il dit. Nous voulons que notre gouvernement assume un rôle de leadership.»

Avant de démissionner pour accepter le poste d'ambassadeur canadien à Washington, le premier ministre manitobain Gary Doer avait déclaré qu'il serait présent à Copenhague.

M. Charest a affirmé jeudi qu'il était inquiet, tout comme son homologue de l'Ontario, de constater que le gouvernement fédéral s'entête à vouloir établir ses objectifs de réduction d'émissions de GES à partir de l'année référence 2006 alors que le reste du monde a opté pour 1990.

«C'est comme s'ils voulaient continuer à tout mesurer en pouces et en pieds alors que le reste du monde est passé au système métrique», a-t-il dit.

Après un premier conseil des ministres conjoint qui s'était tenu à Québec, l'année dernière, les ministres des deux gouvernements ont amorcé une deuxième rencontre à Toronto où, en plus du dossier environnemental, il sera aussi question d'échanges entre les deux provinces.

M. McGuinty a affirmé que les deux gouvernements profiteront de la réunion, qui se terminera vendredi, pour mettre la touche finale à un accord commercial dont la négociation avait été amorcée en janvier 2008.