Un mois et demi après le tragique accident de la rue Peel, la Régie du bâtiment du Québec a réitéré mardi que l'inspection de l'immeuble ne sera pas terminée avant la mi-septembre. Le Parti québécois, qui critique «l'inaction» de la Régie dans le dossier, suggère d'envisager la «démolition immédiate» de la façade.

Les experts embauchés par le propriétaire ont inspecté à ce jour 70% des dalles de l'immeuble où le drame est survenu, a indiqué la Régie du bâtiment. Le 16 juillet, la Montréalaise Léa Guilbeault est morte sous une dalle de béton qui s'est détachée du 17e étage du bâtiment.

Les experts ont besoin de deux autres semaines pour finaliser l'inspection, a précisé Christine Grant, porte-parole de la Régie. Au terme de celles-ci, le propriétaire, une entreprise américaine, devra soumettre à la Régie un plan des travaux qu'il fera pour s'assurer que son immeuble est sécuritaire.

D'ici là, la portion de la rue Peel entre Sherbrooke et De Maisonneuve restera fermée aux automobilistes, au grand dam des commerçants du secteur.

Le critique péquiste en matière de travail, François Rebello, a vivement critiqué mardi la Régie du bâtiment, à qui il attribue le blâme pour la lenteur des travaux.

«La Régie improvise complètement dans ce dossier-là», a-t-il dit, critiquant au passage l'«inaction» du ministre du Travail, David Whissell. Au départ, on parlait d'un délai de deux semaines, et ensuite d'un mois, et là, on est rendus à près de deux mois et on n'a toujours pas de solution.»

Il déplore que la responsabilité de faire inspecter l'immeuble revienne au propriétaire. Le rapport d'experts qui sera soumis à la Régie du bâtiment souffrira d'un «problème de crédibilité», selon François Rebello.

Démolition de la façade?

Selon le député de La Prairie, la Régie devrait envoyer ses propres inspecteurs sur le terrain, qui pourraient travailler en parallèle avec les experts embauchés par le propriétaire. Et les professionnels de la Régie devraient «étudier sérieusement la possibilité de démolir la façade le plus rapidement possible».

«L'hypothèse de base devrait être d'enlever la façade dangereuse, a dit M. Rebello, lors d'un point de presse. Oui, pendant quelques semaines, on aura des travaux, mais on assurera la sécurité, le périmètre pourra être réduit et les commerçants ne souffriront plus.»

«Si on maintient cette façade-là, a poursuivi François Rebello, ça va me prendre des maudits bons arguments pour aller prendre un café en bas.»

Selon la Loi, la Régie du bâtiment a le pouvoir d'ordonner la fermeture, l'évacuation ou démolition d'un immeuble lorsqu'elle estime qu'il y a un danger pour la sécurité et l'intégrité physique des personnes, a souligné François Rebello.

Christine Grant, porte-parole de la Régie du bâtiment, estime qu'il serait «précipité» d'ordonner la démolition de la façade. Elle affirme que l'inspection va bon train.

«C'est au propriétaire de s'assurer que son édifice est sécuritaire, a-t-elle ajouté. Au Québec, il y a plus de 100 000 édifices sous la juridiction de la Régie du bâtiment. C'est utopique de penser que la Régie va faire l'expertise de chaque bâtiment.»

«Est-ce que les délais sont raisonnables? Tant que les gens travaillent, qu'ils ne lambinent pas, pour nous, ils sont raisonnables», a conclu Mme Grant.