Le ministre David Whissell a joué carte sur table dès le départ en déclarant ses intérêts financiers et il n'a rien à se reprocher, affirme le premier ministre Jean Charest.

De passage à Bromont mardi, où il annonçait un investissement gouvernemental dans la micro-électronique, le premier ministre du Québec a eu à défendre son ministre du Travail, parce que l'entreprise d'asphaltage ABC Rive-Nord dans laquelle il a des intérêts s'est vu octroyer deux contrats gouvernementaux.

Lundi, l'opposition péquiste avait demandé que le ministre Whissell vende ses parts dans l'entreprise ou qu'il renonce à son poste de ministre.

Interrogé à ce sujet, le premier ministre Charest s'est porté à la défense de M. Whissell, arguant qu'il avait divulgué ses intérêts et que ceux-ci étaient maintenant gérés par une fiducie sans droit de regard.

«M. Whissell a rendu public le fait qu'il avait une participation minoritaire dans cette entreprise quand il était dans l'opposition, il y a très longtemps. Il a pris les mesures justement pour se protéger contre les conflits d'intérêts», a répliqué le premier ministre Charest.

«Il a pris les mesures nécessaires, de telle sorte que les décisions de l'entreprise et du gouvernement se font indépendamment de M. Whissell, sans que lui intervienne, a assuré le premier ministre. Il ne participe d'aucune façon aux décisions, ni directement ni indirectement.»

M. Charest a aussi invité les gens à être «réalistes», à comprendre que «les individus ont des vies avant d'entrer en politique et ils auront des vies en quittant la politique». En conséquence, ils doivent préparer leur carrière pour l'après-politique.

Selon lui, donc, M. Whissell n'a pas à démissionner de son poste de ministre ou à vendre sa participation dans l'entreprise d'asphaltage, comme le demandait l'opposition péquiste lundi.

Quant à l'avenir, le premier ministre a rappelé qu'un projet de loi avait justement été déposé à l'Assemblée nationale traitant de ces questions. «Quand on va étudier le projet de loi, ce sera l'occasion justement de traiter des cas similaires à ça et voir de quelle façon on les aborde à l'avenir», a-t-il dit.

Radio-Canada a révélé, ces derniers jours, que le ministère des Transports a accordé sans appel d'offres deux contrats à ABC Rive-Nord, l'an dernier. L'un de ces contrats, d'une valeur de 564 000 $, portait même sur la réfection de routes dans la circonscription d'Argenteuil, représentée à l'Assemblée nationale par le ministre Whissell.

Les règles du Conseil du trésor prévoient que pour les contrats de plus de 100 000 $, il doit y avoir appel d'offres. Les autorités peuvent cependant faire exception dans les régions éloignées, lorsqu'il y a un bassin moins grand d'entreprises pour soumissionner.