Visiblement furieux d'avoir été éclipsé par Éric Caire et ses coups de gueule lors du premier débat des aspirants à la direction de l'ADQ, Gilles Taillon a condamné lundi l'attitude «agressive» de son adversaire.

blank_pageEn conférence de presse pour présenter sa plate-forme électorale, l'ancien numéro 2 du parti a reproché à M. Caire d'avoir «fait de la boxe» dimanche. Il n'a pas apprécié que le député de La Peltrie tombe à bras raccourcis sur Christian Lévesque, brandisse vers lui un doigt accusateur, lui tapote l'épaule, «embarque presque par-dessus lui» et «le traite de riche». «Je pense que ce n'est pas la façon, dans un débat au sein d'un même parti, de traiter son concurrent», a affirmé l'ex-député de Chauveau.

Les attaques de M. Caire, d'une rare virulence, ont retenu davantage l'attention que le discours posé et documenté de Gilles Taillon. Ce dernier n'entend pas jouer le jeu de M. Caire pour se retrouver sous le feu des projecteurs. M. Taillon appelle ses collègues à mener un débat «sur le fond», débat dont l'ADQ a besoin. «S'il y en a qui sont incapables de faire des débats d'idées et qui veulent faire de la boxe, ce n'est pas l'arène dans laquelle je vais évoluer.»

Il faut éviter, selon lui, d'insulter ses adversaires, de se disputer, car il faudra retrouver l'unité après la campagne à la direction. Éric Caire a refusé de commenter les commentaires de M. Taillon.

Engagements similaires

Dans sa plate-forme électorale, Gilles Taillon reprend pour l'essentiel les engagements qu'avait pris l'ADQ aux élections de 2007 et 2008, qu'il avait contribué à définir avec Mario Dumont. Par exemple, il veut réduire de 1 milliard les dépenses de programmes et d'un autre les subventions aux entreprises. Il propose de réduire la dette de 10 milliards avec la privatisation partielle d'Hydro-Québec. Il souhaite verser 100$ par semaine pour chaque enfant d'âge préscolaire qui ne fréquente pas les garderies subventionnées. Il milite pour que la pratique médicale soit partagée entre les secteurs public et privé.

Le candidat a fait appel à une firme afin de réunir en groupes de discussion des électeurs qui avaient voté pour l'ADQ en 2007 et lui ont tourné le dos un an plus tard. «La réponse à Québec et dans le 450 a été la même: le programme de l'ADQ de 2007, on le veut», a-t-il dit.

Alors qu'Éric Caire propose de tripler les droits de scolarité, M. Taillon écarte tout «choc tarifaire». Après avoir remis en question une proposition traditionnelle du parti, celle d'abolir les commissions scolaires, M. Taillon veut finalement faire disparaître ces structures et confier aux écoles leur statut juridique et linguistique. La formation professionnelle serait intégrée au collégial. M. Taillon rejette par ailleurs l'idée d'abolir la formule Rand, comme le demandent les jeunes adéquistes, et souhaite un «dialogue social» plutôt qu'un affrontement avec les syndicats.

Sur le front constitutionnel, le candidat souhaite négocier un «nouveau pacte» avec Ottawa. Il réclame le respect des compétences actuelles, le retrait du pouvoir fédéral de dépenser, le rapatriement des budgets en culture, plus d'argent pour l'éducation postsecondaire, la transformation du transfert social canadien en points d'impôt. Mais sous un éventuel gouvernement Taillon, il n'y aurait «pas de séparation, pas de menace de séparation, pas de référendum», a-t-il prévenu. Un «mandat fort des Québécois» obtenu à des élections générales lui donnerait selon lui un rapport de force suffisant pour obtenir gain de cause.