Le Parti québécois (PQ) misera cet automne sur l'état précaire des finances publiques pour miner la crédibilité du gouvernement et marquer des points.

La chef du parti, Pauline Marois, a dit craindre, mercredi, en marge d'une réunion de ses députés à Trois-Rivières, que les prochaines nouvelles sur la santé financière du gouvernement seraient mauvaises.

Le déficit budgétaire anticipé pour l'année en cours serait donc plus important que prévu, selon elle.

«Malheureusement, la situation budgétaire va empirer plutôt que de s'améliorer», a prédit Mme Marois, en point de presse, avant de rejoindre ses députés.

En octobre, le ministre des Finances, Raymond Bachand, doit faire le point, à l'occasion de sa «mise à jour économique et financière», et révéler si les prévisions du printemps sont toujours d'actualité. Normalement, cette mise à jour périodique n'entraîne pas l'adoption de nouvelles mesures budgétaires.

En mars, le dernier budget de la ministre Monique Jérôme-Forget fixait à tout près de 4 milliards $ le déficit prévu pour 2009.

L'équipe péquiste profitera donc de la rentrée parlementaire, à compter du 15 septembre, pour réclamer un vaste débat sur les finances publiques, la dette du Québec, le retour à l'équilibre budgétaire et l'encadrement des hausses de tarifs.

A l'entrée de leur réunion de deux jours, tenue en vue de préparer la rentrée parlementaire, plusieurs députés péquistes ont insisté pour dire que tout devait être sur la table, que rien ne devait être épargné, en vue de remettre de l'ordre dans les finances de l'Etat.

«Il n'est pas vrai qu'on va laisser les libéraux encore une fois quitter le pouvoir en ayant endetté l'Etat de façon catastrophique, et nous forcer, nous, ensuite, à remettre les finances publiques en place», a martelé le député de Richelieu, Sylvain Simard.

Selon lui, la façon de gérer du gouvernement de Jean Charest est «en train de nous préparer des lendemains épouvantables».

L'opposition péquiste ne cache pas qu'elle tentera de tabler sur l'insécurité créée par cette situation financière difficile pour augmenter sa cote de popularité.

Au cours des prochains mois, les membres du gouvernement «vont faire des erreurs et nous allons capitaliser sur les erreurs qu'ils vont faire», promet M. Simard.

Quant au débat à venir sur les finances publiques, le camp péquiste semble plus ouvert que jamais à s'en prendre aux «vaches sacrées», comme l'avait suggéré au printemps, peu avant son départ de la vie politique, l'ex-député de Rousseau, François Legault.

 

«Il ne faut pas avoir peur de tout regarder, de retourner toutes les pierres», a ajouté M. Simard.

Selon le député de Nicolet-Yamaska, porte-parole en matière d'institutions financières, Jean-Martin Aussant, la population est désormais prête à entendre ce discours.

«Les Québécois sont assez conscients qu'il faut donner un bon coup de barre aux finances publiques. Comment ce sera fait, c'est ça le débat qu'il faut avoir», a-t-il dit.

Mais ce n'est pas suffisant «de dire qu'il faut augmenter les tarifs, il va falloir leur dire pourquoi», a renchéri le député Bernard Drainville, préoccupé par l'identification de nouvelles sources de revenus pour l'Etat.

Inquiet de l'impact sur les générations futures de la situation des finances publiques, M. Legault avait créé un certain émoi en affirmant qu'il fallait revoir les programmes gouvernementaux et envisager des hausses de taxes et de tarifs pour hausser les revenus dans les coffres de l'Etat.

Bloqué par l'opposition, le projet de loi 40, qui devait fixer les modalités du retour à l'équilibre budgétaire, n'a pu être adopté au printemps. Le gouvernement devrait revenir à la charge cet automne.

Mais le gouvernement ne prévoit pas de retour au déficit zéro avant au moins quatre ans.

Et pendant ce temps, autre source d'inquiétude, la dette accumulée du Québec ne cesse de croître, devant passer de 148 milliards $ en 2008 à 170 milliards $ en 2011.

Chose certaine, le débat espéré sur les finances publiques se fera sur fond de crise économique, alors que le gouvernement,  selon Mme Marois, n'a pas réussi à en minimiser l'impact.

Les mesures annoncées «ne donnent pas les résultats escomptés», entraînant une hausse du taux de chômage, a noté la chef péquiste, déterminée à demander des comptes au premier ministre Charest.