Les jeunes libéraux proposent l'instauration de péages à Montréal et sur les autoroutes de même qu'une hausse de la taxe sur l'essence afin de renflouer les coffres de l'État québécois.

Les automobilistes sont dans la ligne de mire de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec, qui plaide en faveur d'une vaste révision de la tarification des services publics. «En matière de finances publiques, si on ne prend pas un virage important maintenant, on risque de terminer notre course dans un mur. Maintenant qu'on (le Parti libéral) a les deux mains sur le volant, on n'a aucune excuse pour ne pas prendre ce virage», a affirmé hier son président, Julien Gagnon. Il a dévoilé en conférence de presse le programme du congrès des jeunes libéraux qui aura lieu ce week-end à Sainte-Thérèse. Cinq cents militants sont attendus et discuteront surtout de finances publiques et d'environnement.

«On pense qu'il est impératif d'entreprendre une vaste réforme d'assainissement des finances publiques qui devra poser les fondements d'un New Deal écologique», a souligné Julien Gagnon.

Pour la Commission-Jeunesse, des hausses tarifaires sont inévitables si le Québec veut sortir de l'ère des déficits puis accumuler des surplus. Dans son dernier budget, le gouvernement Charest a prévu des déficits totalisant 11 milliards de dollars au cours des quatre prochaines années. Il a également annoncé des hausses tarifaires à compter de 2011 - «un rattrapage important et progressif» -, mais «il faut aller plus loin», estime la Commission-Jeunesse. Le déclin de la population active surviendra d'ici à 2014 et la population âgée de plus de 65 ans doublera dans les 30 prochaines années, ce qui pose des «défis sérieux» en matière de finances publiques.

La Commission-Jeunesse suggère la tenue d'états généraux sur la tarification des services publics, ce qui n'est pas l'intention du gouvernement jusqu'à maintenant. Elle croit qu'une nouvelle loi-cadre sur la tarification devrait prévoir l'instauration de péages sur les autoroutes à deux chiffres (10, 20, 40, par exemple), donc de gestion provinciale. Elle propose également une hausse des taxes sur les carburants «afin de refléter leurs coûts sociaux et environnementaux».

Elle souhaite la création d'une «zone de congestion» à Montréal, comme à Londres, par exemple. Les automobilistes devraient payer pour entrer dans cette zone. Cette mesure servirait exclusivement à financer les transports collectifs. Les péages seraient en vigueur du lundi au vendredi durant les heures de pointe «afin d'encourager le covoiturage et les méthodes alternatives de transport».

Avec les péages, «on est capable d'aller chercher un bon pactole, a dit Julien Gagnon. Ça peut correspondre au coût de réparation des routes. L'objectif, c'est que les automobilistes eux-mêmes financent la réparation des routes et assument les coûts de leur comportement.» Cette année, Québec dépense 3,7 milliards de dollars pour entretenir et aménager le réseau routier.

Hausse des tarifs d'électricité

La Commission-Jeunesse estime que les tarifs d'hydroélectricité devraient également être revus à la hausse afin de diminuer la consommation d'énergie et de financer la mise en place de projets éoliens, par exemple. Une nouvelle grille tarifaire permettrait toutefois de réduire la facture des consommateurs dans certains cas, indique-t-elle. «Ceux qui n'acceptent pas de changer leurs comportements, c'est leur liberté la plus stricte. On n'entend pas les en empêcher, on est libéraux, après tout. Par contre, on n'a malheureusement plus les moyens de se payer le luxe du gaspillage, et ces gens-là devront payer pour les conséquences de leurs comportements», a affirmé Julien Gagnon.

La Commission-Jeunesse propose de maintenir à 7$ par jour le tarif des garderies subventionnées pour le reste du mandat libéral, comme l'a promis le gouvernement. Après avoir demandé l'année dernière de tripler les droits de scolarité et d'instaurer un impôt postuniversitaire, elle ne remet plus en question la décision d'augmenter ces frais de 50$ par trimestre jusqu'en 2012.

Julien Gagnon juge «nettement insuffisant» l'objectif du gouvernement de retrouver l'équilibre budgétaire en 2013-2014. Cette année-là, Québec doit dégager un «surplus très substantiel», «beaucoup plus élevé qu'un milliard de dollars», a-t-il dit. En plus des hausses tarifaires, les jeunes libéraux demandent de «stopper» la création de nouveaux programmes, à l'exception de ceux qui seraient «rendus urgents ou essentiels par la conjoncture économique».