Le ministère de l'Éducation a enfin rendu publiques les dépenses de l'ex-ministre Jean-Marc Fournier, réclamées par La Presse lors d'une demande d'accès à l'information datée du... 26 septembre 2006.

Un premier compte de frais, transmis en octobre 2006, laissait croire que l'ex-ministre Fournier était très frugal. Au total, il n'y avait que 2772,54$ en notes d'hôtels, en repas et en frais dits «divers», sur une période de près de 20 mois. Aucuns frais de déplacement n'apparaissaient, alors que le ministre avait logé à Edmonton, Winnipeg, Kuujjuaq, Toronto, etc.

À la suite d'une demande de révision de La Presse, le Ministère vient d'envoyer, en juin 2009, un compte de frais plus détaillé. Il a payé 87 047,09$ pour les dépenses de l'ex-ministre Fournier, en deux ans à l'Éducation (de février 2005 à avril 2007).

La quasi-totalité des frais est liée à des déplacements, via la «Direction du service aérien gouvernemental» (68 900$) et diverses agences de voyages (14 700$). Seulement lors de l'année financière 2005-2006, M. Fournier a dépensé 50 000$ en faisant appel à la «Direction du service aérien gouvernemental».

«À l'époque, j'ai fait une assez longue tournée des capitales provinciales pour le réinvestissement fédéral en éducation postsecondaire, a expliqué M. Fournier vendredi dernier. J'étais président du Conseil des ministres de l'Éducation du Canada.» Ces déplacements n'étaient pas faits sur des vols commerciaux. «C'est souvent sur des petits avions, de quatre personnes ou à peine plus, a-t-il précisé. Ce ne sont pas des avions du gouvernement, le gouvernement n'a qu'un avion.»

Plus de 5000$ pour des salons d'aéroport

Le ministère des Relations internationales a quant à lui payé 39 009,71$ pour cinq voyages à l'étranger de l'ex-ministre de l'Éducation, tel que révélé par une seconde demande d'accès à l'information de La Presse. M. Fournier - qui était aussi titulaire du Sport - s'est rendu aux Jeux olympiques de Turin, à une réunion des ministres de l'Éducation du G8 à Saint-Pétersbourg, à Paris pour «effectuer des rencontres politiques et institutionnelles», etc.

Fait étonnant, 5438,14$ ont été payés pour des «accueils aéroportuaires» à Saint-Pétersbourg, Paris, Francfort, Salzbourg et Boston. «Pour une des visites qu'on avait faites, il y avait eu un montant important d'accueil. Je crois que c'était à l'aéroport de Paris, s'est souvenu l'ex-ministre. On a découvert à ce moment-là qu'il y avait des frais et j'avais indiqué que je ne voulais plus de salons à l'aéroport. Ce sont des frais qui sont réglés par les Relations internationales, qui souhaitent toujours qu'on les utilise. Mais on peut leur dire non quand on découvre que c'est peut-être un peu cher.»

Une dépense inusitée de 238,61$ pour «service de porteur» est aussi notée lors d'un voyage en Suisse et en Belgique. S'agissait-il d'un porteur pour les bagages de M. Fournier? «Je n'en ai aucune idée», a-t-il répondu. Chose certaine, le porteur ne portait pas M. Fournier. «Je ne suis pas toujours élégant sur deux pattes, mais je me déplace moi-même», a-t-il précisé avec humour.

Voyages utiles

Au grand total, les ministères de l'Éducation et des Relations internationales ont remboursé 126 056,80$ en dépenses de M. Fournier alors qu'il était titulaire de l'Éducation. «Je n'en ai aucune idée, a commenté l'ex-ministre. Je n'ai jamais fait moi-même de demande pour savoir quelles avaient été les sommes investies dans les voyages à gauche et à droite, dans les missions que je faisais.» Il a toutefois assuré que «les voyages ont été très utiles».

M. Fournier n'a pas indiqué pourquoi le ministère de l'Éducation avait tardé à dévoiler ses dépenses. «Je n'étais pas conscient qu'il y avait une demande d'accès qui traînait», a-t-il affirmé. Ayant quitté la politique en décembre dernier, l'ex-ministre est désormais vice-président principal de la planification stratégique chez Socodec, une filiale de SNC-Lavalin.