Des divisions «profondes» au sein du Parti québécois sont à l'origine du départ précipité de François Legault, a estimé le premier ministre Jean Charest, jeudi.

Désabusé par les tensions internes qui minent le PQ, le député a préféré tirer un trait sur 10 ans de politique active, a analysé M. Charest, en point de presse à Bruxelles, où il prendra la parole vendredi dans le cadre d'un forum sur les changements climatiques.

À ses yeux, François Legault se trouvait coincé dans le débat qui oppose les militants péquistes les plus pragmatiques à «ceux qui veulent que la souveraineté soit la première priorité».

Avec la perte d'un soldat de la trempe du député de Rousseau, le Parti québécois aura certainement «un examen de conscience à faire», a dit le premier ministre.

M. Charest a eu de bons mots pour François Legault, dont le départ permettra sans aucun doute au ministre des Finances, Raymond Bachand, de pousser un soupir de soulagement.

Au cours de la dernière session, M. Legault était parvenu avec une facilité déconcertante à mettre en boîte le ministre des Finances, tant au sujet des pertes de la Caisse de dépôt et placement qu'en ce qui concerne la gestion des Fonds d'investissement régionaux (FIER).

Redouté par les parlementaires libéraux, François Legault était en effet un adversaire politique d'envergure, a admis le premier ministre.

«Nous avons eu raison de ne pas le sous-estimer car sur le plan parlementaire, il s'est révélé un adversaire de taille. Il en a fait la démonstration», a concédé M. Charest.

Selon lui, le départ du porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances laissera un trou béant dans les rangs péquistes sur les enjeux économiques.

«M. Legault était à peu près le seul à aborder les questions économiques (...) Les enjeux de l'économie semblent extrêmement difficiles à aborder au PQ. Ils préfèrent ne pas en parler, tant les divisions semblent profondes», a-t-il soutenu.

Pour le premier ministre, il apparaît clair que la chef péquiste Pauline Marois n'était pas sur la même longueur d'onde que son député.

«C'était devenu une évidence à la fin de la session», a glissé M. Charest.

Le premier ministre du Québec a entamé jeudi dans la capitale belge un séjour d'une semaine en Europe.

Outre sa participation à un forum sur l'environnement, M. Charest prendra part, lundi à Bruxelles, à une conférence sur l'accord de partenariat élargi Canada-Europe.

«Nous voulons maintenir le momentum pour la négociation qui s'enclenche et qui va durer deux ans. C'est très important de maintenir l'intérêt et de garder les joueurs à la table pour qu'on puisse, dans un délai raisonnable, conclure une entente ambitieuse», a-t-il lancé.

Outre Bruxelles, M. Charest se rendra lundi à Munich, en Allemagne, pour discuter d'échanges commerciaux avec ses vis-à-vis de Bavière.

Le 1er juillet, le premier ministre sera à Paris où il aura un entretien à Matignon avec son homologue François Fillon sur la mise en oeuvre de l'accord Québec-France sur la mobilité de la main-d'oeuvre.