Les nouvelles sont bien mauvaises pour Pauline Marois: deux ans après son arrivée à la tête du Parti québécois, un sondage CROP indique «qu'elle n'est pas parvenue à s'imposer».

Et seulement un Québécois sur trois pense que sa nouvelle stratégie de réclamer plus de compétences d'Ottawa fera progresser la souveraineté.

De plus, même s'il est élu depuis cinq ans, en dépit d'une session difficile à l'Assemblée nationale, le Parti libéral vient de retrouver l'avance qui l'a reporté au pouvoir, il y a six mois.

Mais le plus dur est à venir pour Mme Marois: Jean Charest est parvenu à la supplanter dans le coeur des Québécois qui restaient ambivalents depuis le début de l'année.

Le coup de sonde de CROP réalisé auprès de 1003 personnes du 11 au 18 juin sera un coup dur pour la chef péquiste et ses stratèges. Bien que, depuis le début de l'année, les tuiles sont tombées en succession sur la tête de Jean Charest, la cote du chef libéral est clairement en hausse.

Maintenant 43% des Québécois pensent que parmi les leaders politiques, Jean Charest fait «le meilleur premier ministre du Québec», une hausse significative de cinq points de pourcentage - la marge d'erreur du sondage est de 3%. À l'inverse, Mme Marois passe de 38% à 36%. Les deux chefs étaient littéralement à égalité à 38% il y a un mois. Pour 14% des répondants, «aucun» des chefs ne fait l'affaire et 8% des gens sont indécis.

Le chef libéral entame l'été avec sept points de pourcentage d'avance. «Mme Marois n'est pas parvenue à s'imposer» constate Maïalène Wilkins, analyste de CROP, tandis que des déboires connus par le gouvernement «rien n'a paru coller à la cote de M. Charest».

Rapatriement des compétences

Autre déception pour la chef péquiste, sa proposition de rapatrier des compétences d'Ottawa ne paraît pas populaire au-delà du cercle des électeurs souverainistes. L'enquête a débuté au moment où les péquistes se réunissaient à Rivière-du-Loup, après une semaine de controverse autour des propos de Jacques Parizeau qui avait dit que la souveraineté avait besoin de «crises» pour progresser.

Globalement, une personne sur trois (34% des répondants) estime que la nouvelle approche de Mme Marois «aura comme effet de faire progresser l'idée de souveraineté au Québec». Pas moins de 58% pensent le contraire.

Même chez les répondants qui entendent voter pour le Parti québécois, 31% pensent que ce plan de match ne sera pas favorable à la cause souverainiste. Par groupe, seuls les jeunes - les 18-34 ans - estiment, à 41%, que cette stratégie fera avancer la souveraineté. Quelque 54% des répondants de la même tranche d'âge pensent le contraire. Dans cette enquête de juin, 37% des répondants se disent favorables à ce que «le Québec devienne un pays souverain» - cet appui oscille entre 37 et 42% depuis cinq ans.

Autre déconvenue pour le PQ: dans les intentions de vote, les libéraux reprennent les devants. Les deux principaux partis sont proches du score obtenu aux élections du 8 décembre. Depuis trois mois, CROP prédisait l'élection d'un gouvernement péquiste, cette fois, c'est bien plus difficile à prévoir. «L'avantage semble aux libéraux», évalue Mme Wilkins en regard des intentions de vote, une fois répartis proportionnellement les 20% d'indécis - un niveau élevé. Le PLQ obtient 42% des intentions de vote, une remontée de cinq points de pourcentage sur le sondage de mai. Le PQ fait du surplace avec 37%, un point de moins qu'il y a un mois. L'avance des libéraux sur les péquistes est désormais de cinq points, elle était de huit points le soir du 8 décembre. L'ADQ avait alors récolté 16% des suffrages, elle n'obtient plus que 9% des intentions de vote. Québec solidaire et les verts obtiennent chacun 6% des intentions de vote.

Chez les francophones, on constate une hausse des appuis libéraux, qui passent de 29 à 33% des intentions de vote et un tassement du côté péquiste où on passe de 45 à 43%. L'ADQ grimpe d'un point, à 11%; Québec solidaire baisse d'un cran à 7% comme les verts à 6%, mais encore là ces changements sont trop timides pour être significatifs.

Par rapport à mai, le tableau ne bouge guère en région. À Montréal, le PLQ domine avec 49% des intentions de vote, contre 32% au PQ. Les deux partis sont presque à égalité (34% contre 30%) à Québec, région où l'ADQ a l'appui d'un électeur sur quatre. Le Parti québécois a l'avantage nettement ailleurs en région, avec 45% des intentions de vote contre 35 aux libéraux et 11 à l'ADQ.

Malgré les déboires de plusieurs ministres - Raymond Bachand avec les FIER, Christine St-Pierre avec Jean-Guy Chaput, et Yves Bolduc avec les tests de cancer erratiques -, la popularité du gouvernement Charest s'est maintenue en juin. «Cela a été une surprise pour nous», confie Mme Wilkins qui pensait avant les résultats que les dérapages nombreux auraient des conséquences sur la satisfaction des électeurs. Or celle-ci demeure à 44%, un point de pourcentage de moins qu'en mai. Les insatisfaits aussi baissent d'un point, à 51%, niveau comparable à celui des trois derniers mois.