Deux ans après le dépôt d'un rapport dévastateur sur ses dépenses, l'ex-lieutenante gouverneure du Québec, Lise Thibault, n'a toujours pas remboursé le moindre sou aux contribuables.

Membre de la commission de l'administration publique, la députée péquiste Agnès Maltais a fait part de son impatience à cet égard mercredi à l'Assemblée nationale.

Alors que la Sûreté du Québec et la Gendarmerie royale du Canada ont bouclé depuis longtemps leur enquête sur les dépenses somptuaires de Mme Thibault, aucune poursuite n'a été engagée et le dossier semble «gelé», a relevé la députée de Taschereau.

«Il ne s'est rien passé depuis huit mois (...) Nous ne comprenons pas. Est-ce que c'est parce que c'est une fonction qui échappe à tout contrôle et qu'ils ont peur de poursuivre la reine? Pourquoi est-ce si long examiner ce dossier?» s'interroge Mme Maltais.

Le rapport d'enquête est présentement sur la table du directeur des poursuites criminelles et pénales qui n'a pas encore décidé de la suite à donner à l'affaire.

«Le dossier est toujours sous étude par un procureur», a indiqué la porte-parole du directeur des poursuites, Martine Bérubé.

L'attente irrite l'opposition péquiste qui espère réclamer le remboursement des dépenses injustifiées imputées par le vérificateur général, Renaud Lachance, à l'ancienne représentante de la monarchie britannique.

Déposé en juin 2007, le rapport spécial du vérificateur évaluait à environ 700 000 $ le montant versé en trop à Mme Thibault durant ses 10 ans passés à la tête de l'Etat, entre 1997 et 2007.

«Le Directeur des poursuites va-t-il poursuivre ou non? Tant qu'on n'a pas de décision, on ne peut pas examiner les preuves, les factures, pour savoir s'il y aura une demande de remboursement», a dit Mme Maltais.

La députée péquiste a tort de «crier au loup» puisque la procédure suit normalement son cours, a répliqué le député libéral Vincent Auclair, lui aussi membre de la commission de l'administration publique.

«C'est une affaire très complexe. Il a fallu un an et demi d'enquête pour réunir tous les documents pertinents. Il faut attendre la fin du processus judiciaire avant de décider, du côté administratif, de la marche à suivre», a souligné le député de Vimont.

Chose certaine, il n'est pas question de noyer le poisson, a-t-il fait comprendre. Le gouvernement n'hésitera pas à exiger son dû quand «le temps sera venu», c'est-à-dire au terme de la démarche judiciaire.

Lors de son passage devant la commission de l'administration publique l'automne dernier, Lise Thibault avait défendu bec et ongles sa gestion et son utilisation des deniers publics.

Dans un témoignage chargé d'apitoiement, elle avait évoqué à plusieurs reprises sa condition de femme handicapée pour justifier les frais élevés reliés à ses déplacements, ses activités et sa sécurité.

La sexagénaire paraplégique jugeait de plus tout à fait naturel que les contribuables acquittent ses factures de voyages personnels, de repas entre amis, de partys de bureau bien arrosés et de cours de ski et de golf.