«Menace sur l'économie du Québec», manque de responsabilité, «esprit de confrontation»: les adversaires du Parti québécois ont multiplié les attaques hier contre le nouveau plan de match dévoilé en fin de semaine par la chef Pauline Marois.

En point de presse hier à la Conférence de Montréal, le premier ministre Jean Charest a qualifié le projet de Mme Marois de «menace sur l'économie du Québec» et de «guerre contre le gouvernement fédéral» qui annonce «beaucoup de chicane». «Son objectif n'est pas de faire fonctionner le système fédéral canadien, mais de s'en séparer. Elle voudra aller chercher plus, mais elle va en avoir moins.»

 

Le «Plan pour un Québec souverain», présenté dimanche par la chef du PQ, propose de rapatrier à Québec le maximum de pouvoirs. En attendant de faire la souveraineté, un gouvernement péquiste cherchera notamment à freiner les intrusions du gouvernement fédéral, assumera «pleinement» les pouvoirs déjà existants et tentera de récupérer les pleins pouvoirs dans des domaines comme la culture et les communications.

En cas d'impasse dans les négociations, le PQ suggère de tenir des référendums «sur une question précise». Étape hautement symbolique, on proposera la mise en place d'une déclaration de revenus unique faisant de Québec le seul percepteur des impôts, une mesure qui à elle seule engendrerait des économies de 840 millions.

Les demandes de Mme Marois ne seront «pas crédibles», estime Jean Charest. «Dans un système fédéral, il faut avoir des objectifs clairement énoncés, avoir de la détermination et être crédible. Quelle crédibilité aura Mme Marois (en demandant des concessions à Ottawa tout en continuant de prôner la séparation du Québec)? Mettez-vous dans les souliers de n'importe quelle personne raisonnable. Ça donnera beaucoup de confusion de l'autre côté de la table de négociation.»

«Les libéraux ont fait la démonstration que le système fédéral est capable de changements sans amendement constitutionnel, a affirmé M. Charest. Nous avons fait l'entente sur la santé, l'entente sur l'UNESCO, le rapatriement du régime d'assurance parentale, l'entente sur la péréquation.» M. Charest a affirmé que les négociations sur une entente sur la langue et la culture ont «autant de chances» de succès que celle sur l'UNESCO.

Objectif: un seul référendum

De passage hier à Laval, la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a raillé la volonté du PQ de tenir des référendums sectoriels en cas d'impasse dans les négociations. «Mme Marois, il n'y a pas si longtemps, nous a dit qu'après un référendum, il y aurait cinq ans de perturbations. Comment aujourd'hui peut-elle encore mettre de l'avant non pas un, mais plusieurs référendums? On est dans une période économique qui demande de s'unir et de se rassembler. Ce n'est pas le temps de faire des référendums, c'est le temps de relancer l'économie, de soutenir l'emploi.»

La ministre met en doute le sens des responsabilités de la chef du PQ. «C'est évident que Mme Marois fait un geste où on peut s'interroger sur son niveau de responsabilité par rapport à la situation que vivent tous les Québécois.»

Dimanche, lors de la présentation de son plan, Pauline Marois s'était bien défendue de vouloir tenir des «référendums à répétition». «Il est possible que nous puissions tenir un référendum sur une question précise, mais notre objectif n'est pas ça. C'est de tenir un référendum, celui qui comptera, celui sur la souveraineté du Québec.»

Également présent hier à Laval, alors qu'on annonçait des investissements dans le système d'eau potable de la ville, le ministre fédéral des Travaux publics, Christian Paradis, a dénoncé «l'esprit de confrontation» des souverainistes. «Présentement, on cohabite avec un gouvernement fédéraliste à Québec qui veut que les choses fonctionnent. Alors c'est toujours dans cette optique-là qu'on veut gouverner avec un fédéralisme d'ouverture. Les dossiers peuvent avancer dans un esprit de collaboration et non pas de confrontation.»

Le gouvernement Harper, assure-t-il, a prouvé depuis trois ans que son fédéralisme «d'ouverture» pouvait avoir des résultats bien tangibles pour le Québec. «Il y a toujours collaboration. On a parlé de déséquilibre fiscal, de fiscalité des municipalités, c'est une dynamique qui évolue. On est crédible, on a tenu parole relativement à ces engagements-là.»

La chef intérimaire de l'ADQ, Sylvie Roy, accuse quant à elle Pauline Marois de copier la position autonomiste de son parti. «Elle nous donne raison», a-t-elle dit à La Presse. Mais selon elle, un gouvernement adéquiste aurait plus de chances de faire des gains que le PQ. Ottawa «accusera le PQ de ne pas négocier de bonne foi, de vouloir faire échouer les négociations pour prouver la pertinence de la souveraineté», a-t-elle expliqué.

Selon la députée de Lotbinière, Pauline Marois fait des «acrobaties» pour vendre «l'idée sclérosée» de la souveraineté. «Elle parle des deux côtés de la bouche. Elle dit aux militants qu'elle veut faire la souveraineté. Et elle dit à la population qu'elle ne veut pas la faire. C'est une stratégie confuse», a-t-elle ajouté.