Les travailleurs du milieu de la construction ont déjoué les pronostics. Tout porte à croire que la controverse qui a éclaboussé la FTQ-Construction ce printemps ne lui fera pas perdre trop de plumes et n'entraînera pas de grands changements d'allégeance syndicale cette année.

Au cours des trois derniers jours, quelque 12 500 travailleurs se sont présentés dans l'un des 100 bureaux de vote disséminés dans la province pour se prémunir de leur droit de changer d'allégeance syndicale. Les résultats du scrutin ne seront connus que jeudi prochain, mais la FTQ a déjà bon espoir d'avoir évité un exode important de ses membres. Dans le secteur de la construction, seuls les travailleurs qui passent d'un syndicat à l'autre ont besoin de se déplacer pour voter, tandis que les autres demeurent automatiquement fidèles à leur représentant. Or, à 7,8%, le taux de participation a chuté d'un point de pourcentage par rapport au dernier scrutin, en 2006. Il y aurait donc moins de mouvement et d'insatisfaction cette année qu'il y a trois ans. «On nous avait prédit un effondrement, mais ça ne s'effondre pas diable, s'est réjoui hier Richard Goyette, directeur général de la FTQ-Construction. La campagne de dénigrement contre la FTQ n'a pas fonctionné.»

 

Ce scénario a surpris André Martin, PDG de la Commission de la construction du Québec, responsable de l'organisation du scrutin. «Les observateurs pensaient qu'il y aurait beaucoup de mouvement cette année compte tenu de tout ce qui s'est dit (au sujet de la FTQ-Construction)... mais ça ne sera pas le cas.»

Au début de la période de maraudage, le mois dernier, plusieurs représentants syndicaux avaient manifesté leur désir de profiter de la frustration des travailleurs au sujet des dépenses de l'ancien directeur général de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis.

Le président de la CSD-Construction, Patrick Daigneault, prédit ainsi que la plupart des changements d'allégeance se feront au détriment de la FTQ-Construction. «On a senti beaucoup d'insatisfaction sur les chantiers. La mobilité a été assez importante, et ça nous rend très enthousiastes.»

Même optimisme à la CSN-Construction, qui entend aussi faire quelques gains. «Nous avons fait campagne sans dénigrer qui que ce soit, en insistant sur nos services», a souligné Alain Mailhot, directeur-général de la CSN.