Chaque année, Québec dépense 1 milliard de dollars en soins pour des problèmes de santé liés au tabac. Mais le ministre de la Santé, Yves Bolduc, ne veut plus payer ces sommes. Il déposera dès aujourd'hui un projet de loi visant à autoriser le gouvernement à poursuivre l'industrie du tabac pour recouvrer les frais du système de santé attribuables à la cigarette.

«Le montant exact qui serait en cause dans la poursuite n'est pas encore déterminé», dit l'attachée de presse du ministre Bolduc, Marie-Ève Bédard.

Selon différentes études, le tabagisme augmente de beaucoup les risques de cancers, dont celui du poumon, du col de l'utérus et de l'estomac. Les coûts sur le système de santé sont élevés. Et le gouvernement ne veut plus les absorber.

La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac se réjouit de la décision du gouvernement. «Nous lui avions demandé d'adopter cette position il y a quelques semaines. Il a répondu très rapidement», dit le président de la Coalition, Louis Gauvin.

Déjà, huit provinces canadiennes dont l'Alberta ont décidé de poursuivre l'industrie du tabac pour récupérer les frais de soins de santé. Selon M. Gauvin, Québec devrait faire front commun avec elles. «Le procès contre l'industrie du tabac sera long et coûteux, dit-il. On devra décider sur quoi on se base pour chiffrer les coûts du tabac sur la santé. C'est une première au Canada. Personne n'a d'expertise dans ce domaine là. Pour avoir plus de poids, les provinces devraient se regrouper.» Le cabinet de M. Bolduc n'écarte pas cette possibilité.

Du côté de la compagnie Imperial Tobacco, on estime que Québec devrait plutôt concentrer ses énergies sur la lutte contre la contrebande de cigarettes. «Les cigarettes de contrebande occupent 40% du marché québécois. Le gouvernement perd des millions avec ça», dit le porte-parole d'Imperial Tobacco, Éric Gagnon.

Selon lui, Québec ne devrait pas «se lancer dans une procédure qui coûtera des millions et prendra des années à être résolue».