La controverse sur les fonds FIER a provoqué une prise de bec entre la vice-première ministre, Nathalie Normandeau, et son conjoint mais adversaire politique, le député adéquiste François Bonnardel.

Après s'être attaquée uniquement aux allégations du Parti québécois à l'égard des Fonds d'intervention économique régionale (FIER), la ministre libérale a corrigé le tir, mardi, en accusant aussi l'Action démocratique du Québec de nuire au développement économique régional, en raison des interventions répétées du député Bonnardel.

«C'est complètement faux», a rétorqué, piqué au vif, le porte-parole adéquiste en matière de développement économique, lorsque informé des propos tenus par Mme Normandeau.

Vendredi dernier, au cours d'une interpellation sur le thème du développement régional, la ministre a reproché au PQ de mener une opération anti-développement régional contre les FIER, ce qui découragerait les investisseurs privés.

Questionnée mardi sur son silence face aux interventions sur le même sujet de son conjoint, porte-parole de l'ADQ en matière de développement économique, la ministre s'est empressée de placer les deux partis d'opposition dans le même bateau.

«La campagne de salissage et la chasse aux sorcières à laquelle s'emploient les deux oppositions est une démarche anti-développement régional qui pourrait contribuer à faire fuir les investisseurs et qui cause du tort aux régions», a-t-elle affirmé.

La ministre des Affaires municipales a aussi accusé les deux partis d'avoir bâclé leurs interventions en lançant des insinuations qui, dans certains cas, ne se sont pas avérées.

Mme Normandeau est apparue contrariée lorsque appelée à commenter le fait qu'elle se trouvait ainsi à dénigrer le travail de son propre conjoint.

«Un instant. Je peux faire la part des choses. Cela ne m'empêche pas d'être critique des positions que prend l'ADQ sur une multitude de questions.»

Plus tard en journée, le député adéquiste de Shefford a réagi vivement aux accusations de Mme Normandeau, en défendant la qualité de son travail et de l'équipe adéquiste.

«Ce que nous avons relaté, ce sont des faits, c'est écrit. Ce que nous avons dit, c'est qu'il y a matière à se questionner sur certains FIER et pousser plus loin», a-t-il répliqué en marge d'une commission parlementaire.

«Elle émet des opinions en disant qu'on nuit au développement économique mais nous, on fait notre travail d'opposition et on le fait bien», a-t-il martelé.

Quant au caractère inusité de cet affrontement entre conjoints et adversaires politiques à la fois, M. Bonnardel s'est montré succinct.

«Écoutez, je fais mon travail, moi, et je vais continuer de le faire comme un professionnel», a lancé le député de Shefford avant de tourner les talons.

Cette prise de bec survient un peu plus de deux semaines après que la ministre Normandeau eut levé le voile sur la relation qu'elle entretient avec M. Bonnardel.

Si la confirmation de cette idylle peu commune avait causé une certaine commotion auprès des observateurs sur la colline parlementaire, tant les députés libéraux que les députés adéquistes avaient dit n'y voir aucun problème.

Quant aux fonds FIER, à la suite des nombreuses allégations des partis d'opposition, le ministre des Finances et du Développement économique, Raymond Bachand, a demandé à Investissement Québec de mener une vérification complète des dossiers, en collaboration avec le vérificateur général du Québec, et de lui formuler des recommandations.

Il devrait recevoir un rapport en juin prochain.