Le front commun s'apprête à attaquer le gouvernement Charest avec une arme apparemment sans parade: un rapport récent de l'Institut de la statistique du Québec qui établit que les salariés de l'État sont sous-payés.

Le hic, c'est que ce rapport indique aussi que les fonctionnaires, infirmières et enseignants sont bien mieux traités que les employés du secteur privé.

 

Paradoxal? Pas tant que ça. Le rapport de l'ISQ peut être lu à plusieurs niveaux. Il indique en effet que les salaires des employés de l'administration québécoise sont plus bas. Le retard est de 5,2% par rapport au secteur privé et grimpe même jusqu'à 15,6% si on ne retient que le secteur privé syndiqué.

Sur le plan salarial, les employés de l'État sont en fait à égalité avec ceux du secteur privé non syndiqué.

Mais l'ISQ utilise deux autres critères pour comparer le traitement réservé aux employés: outre le salaire, on tient compte des avantages sociaux et du nombre d'heures de présence au travail. En combinant les trois, on obtient la «rémunération globale».

Et là, les employés de l'État sont loin d'être les plus mal lotis. Leur avantage global sur l'ensemble des employés du secteur privé, syndiqués ou non, est évalué à 4,2%. Cet avantage est de 11,9% sur les employés du privé non syndiqués.

Cela dit, les «salariés de l'administration québécoise», comme les identifie l'ISQ, ont tout de même une rémunération globale plus basse de 2,9% par rapport à l'ensemble des salariés. Comment est-ce possible? C'est qu'un troisième groupe de travailleurs vient quelque peu fausser les données: il s'agit de ceux que l'ISQ appelle les salariés des secteurs «autre public».

Ce groupe est constitué de fonctionnaires qui ne relèvent pas de Québec: employés municipaux, fédéraux, universitaires ou au service d'entreprises publiques et de sociétés d'État.

Ces employés sont bien mieux traités que ceux qui relèvent de l'État québécois: leur salaire est plus élevé de 13,9% et leur rémunération globale, de 19,4%.