Les employés de l'État devront faire preuve d'ouverture et de réalisme pour éviter que le renouvellement de leur convention collective ne tourne à l'affrontement, prévient la présidente du conseil du Trésor, Monique Gagnon-Tremblay.

La ministre a réagi avec prudence, lundi, à la création d'un premier front commun syndical des employés de la fonction publique depuis 1972, refusant de se prononcer sur ses demandes salariales de 11,25 pour cent sur trois ans.

«Tout va dépendre de ce qu'on peut faire. Si nous sommes en mesure de faire des gains de productivité, bien peut-être qu'on pourra dégager des sommes», a indiqué Mme Gagnon-Tremblay en entrevue téléphonique à La Presse Canadienne.

Elle a toutefois avisé le front commun représentant près d'un demi-million d'employés de l'Etat qu'il devra mener une négociation inventive en tenant compte du contexte économique difficile.

«C'est de bonne guerre que les gens se regroupent, mais en même temps, les syndiqués doivent être réalistes dans le cadre de la situation budgétaire actuelle», a-t-elle expliqué, précisant que la hausse de salaire de 2 pour cent qui leur a été accordée en 2009 constitue un déboursé de 560 millions $ pour l'Etat.

Elle a dit souhaiter que les deux parties évitent tout recours à la grève ou à une loi spéciale, «parce que pour maintenir des services de qualité, nous avons besoin d'une fonction publique motivée».

Les pourparlers se mettront en branle cet automne, alors que la convention collective des syndiqués de la fonction publique vient à échéance en mars 2010.

Si la négociation précédente avait été marquée par la personnalité flamboyante de l'ex-présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, Mme Gagnon-Tremblay s'est montrée plus sobre à la ligne de départ.

«Monique Jérôme a fait très bien dans les dernières années», a lancé la ministre, peu encline à se livrer au jeu des comparaisons, avant d'ajouter que «personnellement, je ne suis pas une femme de confrontation».

Elle s'est montrée confiante, bien que les syndiqués risquent de l'attendre de pied ferme, le gouvernement Charest ayant mis fin aux négociations par décret en 2005, en gelant leur salaire pendant deux ans.

«Ce n'est pas qu'une question de salaire. Il y a des problèmes dans l'organisation du travail et l'ouverture de postes, des irritants, et je pense qu'on peut les corriger. Je serai à l'écoute et je compte sur les syndicats aussi pour la recherche de solutions», a indiqué Mme Gagnon-Tremblay.

La ministre a aussi précisé que le transfert d'expertise devrait être au coeur des discussions, puisque le remplacement d'un employé sur deux qui prendra sa retraite dans les trois prochaines années entraînera l'embauche de 5000 nouveaux venus dans la fonction publique.

Le front commun qui fera face au gouvernement du Québec comprend la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et les syndicats représentant les fonctionnaires et employés de la fonction publique.