La ministre des Affaires municipales se défend de s'être traîné les pieds face à la crise qui secoue l'administration Tremblay. Nathalie Normandeau balaie d'un revers de main les critiques qui lui reprochent d'avoir tardé à faire respecter les lois auxquelles sont assujetties les villes. 

Les partis de l'opposition affirment que la ministre est restée en retrait, même si elle sait depuis plusieurs mois que l'attribution du contrat des compteurs d'eau au consortium GéniEAU soulève des questions.

Ils l'accusent aussi d'avoir fermé les yeux lorsqu'elle a appris que la Ville avait privatisé la Société d'habitation et de développement de Montréal. Ce changement de statut avait ouvert la porte à de nombreuses irrégularités dans la vente de terrains municipaux, selon un rapport de la firme Deloitte.

Nathalie Normandeau martèle que l'administration Tremblay ne l'a jamais avisée du changement de statut de la SHDM et qu'elle s'y serait opposée si elle avait été consultée. Ce n'est que «par hasard» qu'elle a eu vent de la manoeuvre, en juillet 2007. Placée devant ce «fait accompli», dit-elle, elle n'a pas eu le choix de fermer les yeux.

«La seule façon pour moi, à ce moment-là, ça aurait été de contester juridiquement la décision prise par la Société», a-t-elle indiqué à La Presse.

Pourquoi ne l'a-t-elle pas fait?

«Parce qu'on serait probablement toujours devant les tribunaux, répond-elle. Et avec tous les événements qui se sont déroulés, le maire nous a écrit en décembre dernier pour nous demander d'adopter une modification législative pour nous assurer que la SHDM redevienne une société paramunicipale.»

La ministre souligne que ni le rapport du vérificateur général ni celui de Deloitte n'ont mis en cause son travail. «Il faut faire une distinction très importante entre le statut juridique de la SHDM et les gestes qui ont été faits par des individus», a-t-elle indiqué.

Code d'éthique

Elle a par ailleurs défendu son projet d'obliger toutes les villes de la province à se doter d'un code d'éthique. Dans la foulée des scandales à Montréal, elle a annoncé qu'elle déposerait un projet de loi à cet effet d'ici à la fin de l'année.

Samedi, la chef par intérim de l'Action démocratique, Sylvie Roy, a qualifié le plan de «ridicule», affirmant qu'un code d'éthique n'aurait jamais empêché, par exemple, l'ex-bras droit du maire Tremblay, Frank Zampino, de séjourner sur le yacht de l'homme d'affaires Tony Accurso, ni empêché la Ville de privatiser la SHDM.

«C'est évident qu'il y a toujours des individus qui vont faire des gestes douteux au regard de la loi, a répondu la ministre. Il n'y a personne qui pense qu'un code d'éthique va régler tous les problèmes. S'il y a des individus qui dérogent à la loi, ils vont être punis en conséquence.»

Elle souhaite que la Sûreté du Québec procède avec célérité dans son enquête afin que les résultats soient connus le plus tôt possible.