Jean Charest savait que Nathalie Normandeau entretenait une relation amoureuse avec le député adéquiste François Bonnardel lorsqu'il l'a nommée vice-première ministre à la mi-décembre. Il est «très à l'aise avec la situation» et dit avoir une «confiance totale» en sa ministre.

«Mme Normandeau m'a informé à la première occasion qu'elle fréquentait M. Bonnardel», a affirmé le premier ministre, refusant de préciser si c'était longtemps avant la mi-décembre. «Je n'ai jamais eu d'inquiétude sur les conséquences de sa relation.»

 

Une histoire entre une ministre libérale et un député adéquiste, «ce n'est peut-être pas ce à quoi on s'attendait, mais l'amour est plus fort que la politique. (...) Avant la politique, il y a la vie».

Cette relation ne cache aucune tentative visant à convaincre M. Bonnardel de changer de camp, a indiqué M. Charest.

Nathalie Normandeau, qui a elle-même levé le voile sur cette relation mercredi, estime que «ce n'est pas une question d'éthique que d'aimer quelqu'un. Je suis engagée dans une relation avec un collègue d'une autre formation politique. On est conscients de tout ce que ça implique. M. Charest me fait confiance. Et moi tous les jours, j'ai la responsabilité d'honorer sa confiance».

De son côté, François Bonnardel n'avait informé ni son chef ni ses collègues députés de sa relation avant que des journalistes soulèvent la question et que l'histoire fasse les manchettes. Il leur en a parlé hier. «Je suis très serein face à la relation que j'ai avec Nathalie. Je ne veux pas que personne ne doute de mon éthique de travail et de mon professionnalisme.» Gilles Taillon était au courant de la situation depuis un certain temps. M. Bonnardel assure que sa relation amoureuse n'a aucun lien avec sa décision de renoncer à la direction de l'ADQ.

Le député de Shefford assure qu'il ne passera pas dans le camp libéral. «Je suis un adéquiste dans l'âme, et je vais le rester.»

L'an dernier, Nathalie Normandeau a versé 1000$, à même son budget discrétionnaire, à la Fondation François Bonnardel, qui vient en aide aux organismes communautaires de la circonscription de Shefford. C'était avant le début de leur relation, a dit M. Bonnardel.

Il a donné un exemple pour prouver que Mme Normandeau ne lui ferait pas de faveur dans le traitement de ses dossiers. Au début de mars, la ministre des Affaires municipales a transféré la Ville de Bromont à la MRC de Brome-Missisquoi, «ce que je ne souhaitais pas», a-t-il dit.

»On est des humains»

Ni la chef intérimaire, Sylvie Roy, ni le président du caucus adéquiste, Janvier Grondin, n'en veulent à M. Bonnardel d'avoir omis de les informer avant. Ils sont satisfaits de la profession de foi adéquiste de leur collègue. Cette relation «ne pose aucun problème. On n'a pas à prendre de mesures particulières», a dit Mme Roy.

«C'est la vie privée, a affirmé son collègue Janvier Grondin. On a droit de faire un peu ce qu'on veut. On est des humains. Moi, je suis un peu embêté. Je me dis que, quand on va en politique aujourd'hui, faudrait-il passer chez le médecin se faire castrer pour ne pas regarder les autres chevaux?»

«Ça ne me surprend pas du tout» que François Bonnardel ait succombé au charme de Nathalie Normandeau. «Un homme normal regarde les belles femmes. Et Mme Normandeau est une belle femme», a-t-il lancé.