Après deux ans de dérapages et de sous-évaluation des coûts, le gouvernement Charest devrait revoir toute la structure qu'il a mis en place pour orchestrer la construction des hôpitaux universitaires à Montréal, observe le vérificateur général dans un rapport déposé cet après-midi à l'Assemblée nationale.

Pour Renaud Lachance, il faudrait «évaluer la pertinence de la structure de gouvernance en place pour les projets de modernisation en tenant compte des expériences vécues au cours des deux dernières années».

Devant le constat du vérificateur, on comprend les raisons de la conférence de presse organisée par le gouvernement Charest lundi dernier. Bien des chiffres embarrassants établis par le rapport ont été divulgués et atténués à ce moment-là par le ministre de la Santé Yves Bolduc et le premier ministre Jean Charest.

Et le vérificateur brosse un tableau sans complaisance de l'absence de contrôle sur le projet du CHUM depuis deux ans. Pour l'hôpital francophone, on constate en deux ans une augmentation gigantesque de 81% des coûts estimés. L'hôpital est passé de 1,3 milliard $ à 2,5 milliards $ en deux ans, une hausse de 1,1 milliard $. Le CUSUM, l'hôpital de l'université McGill, a augmenté de 50%, passant de 1,5 à 2,2 milliards durant la même période.

Le vérificateur observe que les fonds prévus en provenance du gouvernement fédéral, des fondations et des projets d'autofinancement risquent de ne pas être au rendez-vous. Même s'il voulait mettre en place un projet en PPP, où le secteur privé se chargeait du financement, «le gouvernement du Québec risque de devoir assumer les portions de financement non sécurisées», observe le vérificateur.

En réponse, le gouvernement s'est contenté de souligner qu'il était «satisfait du fonctionnement de la structure de gouvernance». Il approuve toutefois le vérificateur quand ce dernier constate qu'il faudrait mieux arrimer les travaux à réaliser, les coûts et les échéanciers du projet.

Le PQ demande des comptes

Le constat du vérificateur a eu des échos à l'Assemblée nationale. Le critique péquiste des finances publiques, Sylvain Simard, a exigé des comptes du gouvernement devant un constat du rapport: les coûts établis jusqu'ici par Québec ne peuvent être considérés comme définitifs. La question au premier ministre Charest a ricoché vers le ministre de la Santé, Yves Bolduc, qui a souligné que le coût exact du projet sera connu seulement après l'ouverture des enveloppes des deux soumissionnaires, dans un an. Pour M. Simard, ironique, il faut se rappeler que Québec avait toujours «vendu» le choix des PPP en expliquant que ce processus offrait l'avantage de faire connaître, avant le début des travaux, les coûts précis du chantier.

Selon le péquiste Bernard Drainville, les prévisions de financement de Québec s'appuient aussi sur 200 millions $ de recettes en provenance d'une fondation. Or, en quatre ans, seulement 24 millions $ ont été amassés, a constaté le député de Marie-Victorin, citant un reportage de La Presse de mercredi. «À ce rythme, on aura les 200 millions $ en 2037!», a-t-il lancé.

Pour le ministre Bolduc, avec le lancement du projet, lundi dernier, bien des gens qui étaient sceptiques quant à la réalisation du CHUM ont été convaincus. Une fois le chantier amorcé, les contributions seront au rendez-vous, selon lui.