Le gouvernement Bourassa l'avait mis en place pour combler un fossé dans le financement des retraites des employés du secteur public. Depuis 15 ans, on n'a fait que creuser le trou.

Créé en 1993, le Fonds d'amortissement des régimes de retraite (FARR) a coûté 6,5 milliards de plus en coûts de financement qu'en rendement obtenu, révèlent les documents du budget rendu public la semaine dernière par la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget.

 

Cette question des conséquences des déboires de la Caisse de dépôt sur les finances publiques a rebondi hier à l'Assemblée nationale dès la première période des questions suivant le dépôt du budget. Selon le critique aux Finances du PQ, François Legault, le dernier budget donne une photo inquiétante des finances publiques: en deux ans, la dette va augmenter de 20 milliards. Le gouvernement navigue en tolérant un déficit structurel de 3,8 milliards.

Surtout, le critique péquiste a relevé que l'impact des mauvais placements au FARR allait coûter, pour les deux années à venir, respectivement 285 millions et 595 millions, à être balayés au service de dette.

Il est inexplicable, selon lui, que le gouvernement soit resté muet sur les conséquences budgétaires du FARR pour les deux années subséquentes - des charges évaluées à quelque 900 millions en 2011-2012 et à 1,2 milliard en 2012-2013, par les fonctionnaires des Finances interrogés par La Presse la semaine dernière. Pour le critique péquiste, il est inconcevable que le gouvernement puisse prédire ses recettes et déficits sur quatre ans, tout en ne livrant les prévisions du FARR que sur deux ans seulement.

Après 2013, ce financement du FARR coûtera 1,2 milliard de plus par année.

Loin du compte

Selon les informations réunies par La Presse, le «Plan financier» fourni par le ministère avec le budget jeudi dernier démontre que depuis 1993-1994, le total des fonds déposés par Québec dans cette cagnotte du FARR totalise 25,2 milliards. Il s'agissait alors de créer une réserve pour capitaliser les fonds de retraite des employés de l'État, soit accumuler les sommes qui permettraient en théorie de verser les prestations de tous les employés actuels.

Selon les calculs de rendements établis au début de ce fonds, la valeur comptable de ces placements devrait totaliser 36 milliards cette année. Or, avec les fluctuations des rendements de la Caisse de dépôt, on est bien loin du compte. La valeur marchande des placements dans le FARR n'est actuellement que de 26,1 milliards.

Durant toutes ces années, les décaissements du gouvernement n'ont apporté en plus-value qu'un famélique 850 millions, soit moins de 3% en moyenne.

Or, toujours dans le budget, on retrouve qu'en 15 ans, il en aura coûté 7,5 milliards au gouvernement en frais d'intérêt sur les sommes empruntées pour garnir le FARR. Le pari était que les rendements sur le fonds allaient largement dépasser le loyer de l'argent, ce qui n'est pas arrivé, non seulement pour l'année 2008 catastrophique pour le secteur financier, mais aussi pour l'ensemble des 15 années du FARR.

En outre, le gouvernement a utilisé la même approche pour le Fonds des générations, créé en 2006, en empruntant sur le marché obligataire pour investir dans des placements plus risqués avec la Caisse de dépôt comme gestionnaire.