Le député de La Peltrie, Éric Caire, se lance dans la course à la direction de l'Action démocratique du Québec, tout en critiquant des règles adoptées par le comité exécutif du parti.

Ce père de trois, et bientôt quatre enfants, militant depuis 10 ans à l'ADQ, devient le premier candidat déclaré à la succession de Mario Dumont, qui a démissionné officiellement le 6 mars.

 

Éric Caire a annoncé sa décision sans flaflas, dans un corridor du parlement, au lendemain du dévoilement des règles encadrant la course à la direction.

«Je ne vous cacherai pas qu'il y en a quelques-unes là-dedans avec lesquelles je devrai m'accommoder, mais je vous annonce que je serai candidat à la chefferie de l'ADQ», a-t-il affirmé hier, quelques minutes avant une réunion du caucus adéquiste.

L'élection du chef dans 11 mois, au début de février 2010, est «un peu tard» à son goût. Il souhaitait une campagne plus courte, un vote dès cet automne. «Mais il y a un compromis qui a été fait, car j'entendais initialement l'automne 2010, le printemps 2011», a-t-il souligné.

Le vote téléphonique l'inquiète. «Il faut s'assurer que le processus est intègre. Dans la mesure où on peut faire cette démonstration-là, tant mieux. Mais c'est quelque chose avec lequel je suis moins à l'aise. Donc il y aura une preuve à faire. J'ai besoin d'être rassuré.»

Quelques imposteurs avaient voté par téléphone lors de l'élection du chef du Parti québécois en 2005. L'Infoman Jean-René Dufort avait inscrit un chihuahua, une plante verte et une fillette de 3 ans comme membres du PQ et avait fait enregistrer leur vote.

»Rigueur» et «cohérence»

Éric Caire n'a pas tardé à révéler les principaux thèmes de sa campagne à la direction. L'ADQ doit s'imposer «rigueur» et «cohérence», deux qualités qui lui ont souvent manqué pendant son bref passage à l'opposition officielle.

«L'ADQ est reconnue pour avoir eu beaucoup de bonnes idées, mais ces idées sont mortes au feuilleton parce qu'on n'a pas su les défendre», a soutenu Éric Caire.

L'abolition des commissions scolaires est toujours une idée pertinente à ses yeux, mais elle doit être «travaillée», mieux expliquée. «L'erreur que nous faisons, c'est de laisser penser que l'abolition des commissions scolaires, c'est un objectif. C'est faux. L'objectif, c'est d'avoir de meilleures écoles, de lutter contre le décrochage.»

Élu pour la première fois lors de la vague adéquiste du 26 mars 2007, Éric Caire a souligné le travail qu'il a accompli à titre de critique en matière de santé, qui lui a permis de se faire connaître. «J'ai déposé plusieurs projets de loi, dont un sur la mixité (public-privé) de la pratique médicale. Avez-vous remarqué que plus personne ne nous challenge sur la mixité? On a écrit noir sur blanc comment ça fonctionne, et cela a été appuyé par la Fédération des omnipraticiens et celle des spécialistes.»

Pour Éric Caire, l'ADQ doit «clarifier» sa position constitutionnelle. L'autonomisme, qui se situe quelque part entre le fédéralisme et la souveraineté, demeure un concept flou pour bien des Québécois, a-t-il reconnu.

«On ne peut pas se contenter de dire: je suis autonomiste. Autonomiste, ça veut dire quoi? Le parti a un travail de fond à faire pour clarifier la position.»

L'aspirant à la direction de l'ADQ se dit «assuré de certains appuis» dans le parti, mais il les fera connaître «en temps opportun». Il avait entamé sa réflexion après que Mario Dumont eut annoncé son départ le 8 décembre, après la débandade électorale de son parti.

Ancien programmeur-analyste

Éric Caire était programmeur-analyste avant de faire le saut en politique. Il a entrepris un baccalauréat - non complété - en communication à l'Université Laval en 1993 et reçu une formation en informatique au Collège MultiHexa en 2001. Il a tenté une première fois de se faire élire en 2003, sans succès.

Éric Caire a jusqu'au 22 septembre pour déposer son bulletin de mise en candidature. Un couronnement est peu probable. Son collègue de Shefford, François Bonnardel, est plus intéressé que jamais à se porter candidat. «Que M. Caire décide d'y aller ou non, ça ne va pas influencer ma décision», a-t-il dit.