La chef péquiste Pauline Marois a maintenu vendredi que seule une commission parlementaire spéciale permettra de faire la lumière sur les pertes historiques de la Caisse de dépôt et placement.

Mme Marois a déclaré que le cadre dans lequel la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, s'est offerte aux questions de l'opposition, lors d'une séance régulière d'interpellation qui aura lieu vendredi prochain à l'Assemblée nationale, est trop limité.

«C'est une formule très rigide où le gouvernement, souvent, donne autant de temps de question à ses gens que nous on en a, a-t-elle déclaré lors d'une entrevue. Et ce n'est vraiment pas la formule qui permet d'avoir un échange en profondeur, de débattre des valeurs, des philosophies qui étaient derrière, entre autres le mandat de la Caisse.»

Depuis la publication des pertes de près de 40 milliards $ de la CDP, le gouvernement et l'opposition se sont engagés dans un tournoi de souque-à-la-corde afin de déterminer la meilleure façon de faire la lumière sur ce qui a mené à ces résultats sans précédent de la société d'Etat.

Le Parti québécois réclame notamment d'entendre Mme Jérôme-Forget dans le cadre d'une commission parlementaire, ce à quoi la ministre s'est refusée.

Vendredi, le premier ministre Jean Charest a soutenu qu'il ne voyait aucune différence entre une interpellation, qui dure deux heures, et une commission où la ministre serait entendue.

«Il n'y en a pas (de différence) à mes yeux à moi dans la mesure où Mme Jérôme-Forget va se prêter à un exercice où elle va, pendant deux heures, répondre aux questions que l'opposition va lui poser, a-t-il dit lors d'un point de presse. Il me semble que ça répond très directement à la demande formulée par le Parti québécois.»

Mme Jérôme-Forget a elle aussi estimé que les partis d'opposition auront toute la latitude nécessaire pour lui poser des questions.

Lors d'une entrevue accordée vendredi au Réseau de l'information (RDI), la ministre des Finances a cependant bien pris soin de circonscrire le cadre dans lequel elle entend se prêter à l'exercice.

«Ils peuvent me poser des questions sur la démarche du conseil d'administration, ils peuvent poser des questions sur ce volet-là, a-t-elle déclaré. Mais les choix à l'effet d'avoir acheté 13 milliards $ de papier commercial, les choix de la couverture de change, les choix qui ont été faits dans les placements à l'étranger, dans l'immobilier, ça, il faut que ce soit la Caisse de dépôt qui réponde.»

En début de journée, le bureau de Mme Jérôme-Forget avait diffusé un communiqué proposant cette interpellation et indiquant qu'elle se tiendrait indépendamment des discussions sur le projet de commission parlementaire spéciale.

Mme Marois a affirmé que son parti allait profiter de la période d'interpellation pour interroger la ministre, mais elle a réitéré sa demande pour qu'elle participe aux audiences spéciales.

«Elle passe son temps à dire qu'elle n'a rien à cacher, qu'elle est prête à répondre à toutes les questions, a dit Mme Marois. Alors pourquoi à ce moment là ne pas venir répondre à des questions dans le cadre d'une commission parlementaire spéciale, extraordinaire?»

Après la publication des résultats de la CDP, le gouvernement libéral souhaitait qu'une commission parlementaire de deux jours ait lieu lundi et mardi derniers afin d'entendre les dirigeants actuels de l'institution, son ancien chef de la direction, Henri-Paul Rousseau, ainsi que des déposants.

Les péquistes voulaient plutôt un exercice de plus grande envergure, au cours duquel plusieurs experts seraient entendus.

Devant l'impasse qui perdure depuis la semaine dernière, l'opposition est revenue à la charge en proposant, jeudi, d'entendre les dirigeants de la CDP la semaine prochaine lors d'une commission de deux jours, puis de reprendre l'exercice après la publication du rapport annuel de l'institution, habituellement en avril, afin d'aller en profondeur avec des experts.

Le PQ a transmis sa proposition par écrit vendredi au président de la commission des affaires publiques, le libéral Alain Paquet.

Le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis, a affirmé que les membres de la commission devront se réunir afin d'étudier cette requête.