La menace de décote de la Caisse de dépôt et placement brandie par Standard and Poor's apporte de l'eau au moulin de l'opposition péquiste, qui l'interprète comme un blâme sévère envers le gouvernement Charest.

D'autres firmes de notation de crédit pourraient dès lors emboîter le pas et songer elles aussi à réviser à la baisse la cote de crédit du Québec, en raison du manque de stabilité à la direction de la Caisse de dépôt et placement (CDP), a dit craindre le porte-parole en matière de finance, le député François Legault, lors d'un point de presse, vendredi, à l'entrée d'une réunion du caucus péquiste.«Si on ne stabilise pas la situation (de la Caisse), on va continuer à avoir des agences qui vont dire: «faites quelque chose»», a fait valoir M. Legault.

Une décote du Québec pourrait se traduire par une hausse des intérêts à acquitter sur les emprunts de la Caisse, qui atteignent quelque 60 milliards $.

De plus, c'est toute l'image de la Caisse qui est en jeu, selon M. Legault.

De son côté, la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, a jugé la situation inquiétante. Elle a estimé que le gouvernement devait prendre l'entière responsabilité de l'avertissement lancé jeudi par la firme de notation de crédit torontoise.

«C'est une motion de blâme à l'endroit du gouvernement, très clairement», a-t-elle noté.

Si la firme surveille de près la situation à la Caisse, a-t-elle plaidé en point de presse avant de rejoindre ses collègues au Salon rouge du parlement, c'est parce que le premier ministre Charest a négligé de nommer un président et de renouveler le mandat de la plupart des membres du conseil d'administration, de manière à assurer la stabilité de l'institution.

Or, c'est son devoir de procéder à ces nominations rapidement, a-t-elle fait valoir. Aussi, la confiance des investisseurs et des emprunteurs envers l'institution s'en trouve-t-elle affectée, selon elle.

D'où l'importance, a dit Mme Marois, d'entendre M. Charest répondre de ses actes en commission parlementaire.

La firme Standard and Poor's a placé jeudi la cote de la Caisse de dépôt et placement du Québec sous surveillance, pour trois mois, en raison de l'instabilité à la tête de la Caisse et de ses rendements nettement inférieurs à ceux des autres grandes caisses de retraite canadiennes. De plus, elle souligne que le débat politique actuel autour de la CDP pourrait affecter son indépendance par rapport au gouvernement.

La firme «loge la responsabilité exactement là où elle doit être logée», a conclu Mme Marois, reprochant au gouvernement son retard à procéder aux nominations attendues.

La Caisse a perdu 40 milliards $ en 2008, soit 25 pour cent de son actif. La société d'État n'a pas de président en fonction depuis l'été dernier. Fernand Perreault assure l'intérim.

«Actuellement, il n'y a plus de dirigeant responsable», a-t-elle déploré, en répétant que la population voulait qu'on fasse toute la lumière sur les causes des déboires financiers de la Caisse.

«Je suis choquée par l'attitude du gouvernement», qui refuse toujours de témoigner en commission parlementaire, a-t-elle ajouté.

Le mandat de huit des 13 membres du conseil d'administration de la Caisse est échu, dans certains cas depuis plus de trois ans

«Actuellement, je parle à des gens de la Caisse, et ils me disent: «tout le monde se demande s'ils vont être virés ou non'. Comment se fait-il qu'on n'est pas capables de stabiliser la situation?», demande M. Legault.